L’arrivée de ChatGPT sur la scène mondiale a déclenché une véritable révolution dans le domaine de l’intelligence artificielle. Près de deux ans après son lancement par OpenAI, cet outil d’IA générative continue de fasciner et d’intriguer les utilisateurs aux quatre coins du globe. Mais au-delà de l’engouement initial, comment le public mondial interagit-il réellement avec cette technologie ? C’est ce que révèle l’Enquête mondiale sur le sentiment des consommateurs de la CCI 2023 du Boston Consulting Group, partagée par Voronoi. Des résultats surprenants qui mettent en lumière des disparités inattendues dans l’utilisation de ChatGPT selon les pays.
Le Maroc et l’Argentine, des leaders inattendus
Parmi les révélations les plus étonnantes de cette étude, on retrouve la forte adoption de ChatGPT dans des pays émergents comme le Maroc et l’Argentine. Avec respectivement 38% et 32% de leur population utilisant l’outil, ces nations se hissent dans le top 5 mondial, devançant même des géants technologiques comme les États-Unis ou l’Allemagne. Un engagement fort envers l’IA qui témoigne d’une véritable appétence pour l’innovation, souvent sous-estimée dans ces régions du globe.
Les pays technologiquement avancés à la traîne
Autre fait marquant, les faibles taux d’utilisation observés dans des pays pourtant réputés pour leur avancée technologique. Le Japon (19%), l’Allemagne (18%) ou encore la France (18%) affichent ainsi des niveaux d’adoption inférieurs à ceux de nombreux marchés émergents. Un paradoxe qui souligne l’influence des facteurs culturels et des priorités technologiques dans l’appropriation de l’IA par les populations.
L’Inde, leader incontesté
Sans grande surprise, l’Inde s’impose comme le champion de l’utilisation de ChatGPT avec 45% d’utilisateurs. Un leadership qui s’explique par l’important secteur informatique du pays et sa rapide transformation numérique. Mais c’est surtout la marge considérable dont dispose l’Inde par rapport à ses poursuivants qui interpelle. Elle souligne la forte appétence des populations pour les technologies de l’IA, perçues comme de véritables vecteurs de progrès et d’opportunités.
Les jeunes générations, moteurs de l’adoption
Autre enseignement clé de l’étude, la corrélation entre l’âge médian des populations et l’adoption de ChatGPT. Les pays plus jeunes, à l’instar de l’Inde, du Maroc ou du Brésil, se révèlent ainsi être les fers de lance de l’IA générative. Une tendance qui s’explique par l’appétence naturelle des jeunes générations pour les nouvelles technologies, mais aussi par leur capacité à les intégrer rapidement dans leur quotidien, que ce soit à des fins professionnelles ou personnelles.
ChatGPT, un outil pratique avant tout
Si l’utilisation de ChatGPT varie considérablement d’un pays à l’autre, c’est aussi dans la façon dont l’outil est appréhendé que les différences culturelles s’expriment. Ainsi, dans des pays comme l’Inde ou les Philippines, où l’adoption est élevée, ChatGPT est principalement perçu comme un outil pratique, au service de tâches concrètes et ciblées. Une approche pragmatique de l’IA, intégrée au quotidien pour gagner en efficacité et en productivité.
À l’inverse, dans des pays comme les États-Unis ou l’Allemagne, où l’utilisation est plus faible, ChatGPT est davantage appréhendé comme un objet de divertissement ou d’exploration. Une approche plus décontractée de l’IA, qui témoigne d’un moindre degré d’intégration de la technologie dans la vie des populations.
L’IA, entre enthousiasme et inquiétude
Au-delà des taux d’adoption, l’étude du BCG met également en lumière les disparités régionales dans le sentiment à l’égard de l’IA. Si 40% des personnes interrogées dans le monde se disent enthousiasmées par cette technologie, 28% expriment des réserves et 29% des inquiétudes. Des sentiments mitigés qui se reflètent dans les niveaux d’utilisation de ChatGPT. Ainsi, dans les pays où l’IA est accueillie positivement, comme l’Inde ou les Émirats Arabes Unis, les taux d’adoption sont plus élevés. À l’inverse, dans les régions où les craintes sont plus marquées, comme en Europe, l’utilisation est plus faible, témoignant d’une approche plus prudente de la technologie.
Vers une démocratisation de l’IA ?
Malgré ces disparités, l’étude laisse entrevoir une tendance de fond : la progressive démocratisation de l’IA à l’échelle mondiale. À mesure que les outils comme ChatGPT gagnent en accessibilité et en convivialité, de plus en plus de populations sont amenées à les intégrer dans leur quotidien. Une évolution qui devrait conduire à une harmonisation progressive des usages, mais aussi à une prise de conscience accrue des enjeux et des opportunités liés à l’IA.
Car au-delà des chiffres, c’est bien un changement de paradigme qui se dessine. Avec l’essor de l’IA générative, c’est notre rapport à la technologie qui se transforme, ouvrant la voie à de nouvelles façons de travailler, de créer et d’interagir. Un défi autant qu’une opportunité, qui appelle à une réflexion collective sur la place que nous souhaitons donner à l’IA dans nos sociétés. L’étude du BCG offre à cet égard un éclairage précieux, invitant à dépasser les clichés pour appréhender la réalité complexe et multiple de l’IA à travers le monde.
