L’IA Entraînée à Interpréter les Émotions Animales Ouvre de Nouvelles Perspectives

Imaginez un monde où nous pourrions comprendre instantanément quand un animal souffre ou éprouve une détresse émotionnelle. Grâce aux avancées récentes en intelligence artificielle, ce scénario pourrait bientôt devenir réalité. Des chercheurs à travers le monde travaillent actuellement sur des systèmes d’IA conçus pour interpréter les émotions animales, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives passionnantes pour améliorer le bien-être de nos compagnons à quatre pattes.

Intellipig, l’IA qui veille sur les cochons

L’un des projets les plus prometteurs est Intellipig, un système développé conjointement par des scientifiques de l’université de Bristol et du Scotland’s Rural College. Intellipig analyse des photos du visage des cochons et alerte l’éleveur en cas de signes de douleur, de maladie ou de détresse émotionnelle.

Comment fonctionne ce système innovant ? Les chercheurs ont d’abord minutieusement observé le comportement des cochons dans diverses situations afin d’identifier les expressions faciales associées à différentes émotions. Ces données ont ensuite servi à entraîner l’IA à reconnaître ces signes sur de nouvelles images.

« L’objectif est d’aider les éleveurs à détecter rapidement tout problème de bien-être chez leurs animaux, afin d’intervenir au plus vite. À terme, Intellipig pourrait considérablement améliorer les conditions de vie des cochons d’élevage. »

– Dr. Sarah Browne, chercheuse principale du projet Intellipig

La reconnaissance faciale au service des animaux de compagnie

Une équipe de l’université de Haïfa a quant à elle mis au point un logiciel de reconnaissance faciale initialement destiné à aider les propriétaires à retrouver leur chien perdu. Forts de ce succès, les chercheurs entraînent désormais leur IA à identifier les signes d’inconfort sur le visage des animaux.

Leur approche consiste à fournir au système des milliers de photos d’animaux dans différents états émotionnels, annotées par des experts en comportement animal. L’IA apprend ainsi à associer certaines expressions faciales à des émotions spécifiques comme la peur, la douleur ou le contentement.

« Notre technologie pourrait notamment aider les vétérinaires et les refuges à mieux évaluer l’état émotionnel des animaux dont ils s’occupent, et adapter leur prise en charge en conséquence. »

– Pr. Ron Kimmel, responsable de l’équipe de recherche à l’université de Haïfa

Laisser l’IA apprendre par elle-même

Si la plupart des systèmes d’IA actuels reposent sur un apprentissage supervisé par des humains, certains chercheurs explorent une approche différente : le deep learning ou apprentissage profond. C’est notamment le cas d’une équipe de l’université de São Paulo, qui a entraîné son IA à partir de photos de chevaux avant et après une chirurgie, ainsi qu’avant et après la prise d’antidouleurs.

Plutôt que de se baser sur des annotations humaines, le système a appris de manière autonome à repérer les signes de douleur, avec un taux de réussite de 88% lors d’une étude récente. Cette approche ouvre de nouvelles perspectives excitantes :

  • Elle pourrait permettre de déterminer des signaux émotionnels chez les animaux que même les experts humains n’avaient pas remarqués
  • Elle rend possible le développement de systèmes de détection des émotions pour des espèces encore peu étudiées
  • À terme, l’IA pourrait aider à mieux comprendre la vie émotionnelle d’une grande variété d’animaux

Un futur proche

Alors que certains de ces systèmes d’IA en sont encore au stade expérimental, d’autres pourraient être déployés dans les prochaines années, que ce soit dans les élevages, les cliniques vétérinaires ou même chez les particuliers. Leur utilisation soulève cependant des questions éthiques :

  • Comment s’assurer que les émotions détectées sont correctement interprétées et prises en compte ?
  • Quelles seront les conséquences pour les animaux « émotionnellement non-conformes » dans les élevages industriels ?
  • L’IA doit-elle se substituer à l’observation attentive des animaux par des humains compétents ?

Malgré ces interrogations légitimes, une chose est sûre : la révolution de l’IA émotionnelle animale ne fait que commencer. En affinant notre compréhension des ressentis de nos compagnons à fourrure, à plumes ou à écailles, elle pourrait fortement contribuer à améliorer leur qualité de vie et notre relation avec eux dans les années à venir.

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