L’Impact des « Supersharers » sur la Désinformation en Ligne

Imaginez un monde où seulement 2 107 personnes sont responsables de 80% de la désinformation circulant en ligne pendant une élection présidentielle. C’est la réalité troublante révélée par une récente étude sur l’influence d’un petit groupe d’utilisateurs surnommés les « supersharers » sur la propagation de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux.

L’Étude du MIT : La Désinformation Réduit l’Intention de Se Faire Vacciner

Des chercheurs du MIT ont d’abord analysé l’impact de l’exposition à de la désinformation sur les réseaux sociaux concernant les vaccins. Leurs résultats montrent sans équivoque que :

  • L’exposition à de la désinformation, en particulier sur de prétendus effets secondaires, réduit significativement l’intention des gens de se faire vacciner.
  • Les articles signalés comme trompeurs par les modérateurs ont eu un impact plus important que le contenu non signalé.
  • Cependant, le volume de désinformation non signalée était largement supérieur, lui conférant une influence globale bien plus grande.

Cette « zone grise » de contenu trompeur mais techniquement non faux semble être le principal moteur de l’hésitation vaccinale, plus que la désinformation flagrante.

– Jennifer Allen, chercheuse au MIT

Seulement 2107 « Supersharers » Responsables de 80% des Fake News

La deuxième étude, menée par plusieurs universités, a analysé l’activité de plus de 600 000 électeurs américains sur Twitter pendant les élections de 2020. Ils ont identifié un sous-ensemble de 2 107 utilisateurs qui ont massivement amplifié la propagation de fausses informations :

  • Un électeur américain sur 20 suivait un de ces « supersharers », leur donnant une portée disproportionnée.
  • 80% des liens vers des sites de « fake news » politiques provenaient de ces 2 107 individus.
  • Leur activité ne semblait pas automatisée mais générée manuellement via un retweeting persistant.

Le Profil Type des « Supersharers » : Femmes Républicaines Plus Âgées

En analysant les données démographiques de ces « supersharers », les chercheurs ont pu dresser leur portrait robot :

  • Âge moyen de 58 ans, contre 41 ans pour l’ensemble des utilisateurs étudiés
  • 60% de femmes
  • Majoritairement blanches
  • 65% s’identifiant comme républicaines, contre environ 28% sur Twitter en général

Ces résultats soulignent une vulnérabilité des réseaux sociaux pour la démocratie, où un petit groupe de personnes peut déformer la réalité politique pour beaucoup.

– Les chercheurs de l’étude

L’Influence Disproportionnée d’une Poignée d’Utilisateurs

Ces deux études mettent en lumière le pouvoir d’influence démesuré que peuvent avoir un nombre restreint d’individus très actifs et engagés sur les réseaux sociaux. En partageant massivement de la désinformation, qu’elle soit flagrante ou plus subtile, ils contribuent à façonner les perceptions et les comportements de pans entiers de la population.

Face à ce constat alarmant, il est urgent que les plateformes renforcent leurs efforts de modération, au-delà de la traque des « fake news » évidentes. Les algorithmes doivent être retravaillés pour limiter l’amplification disproportionnée permise à certains utilisateurs. C’est un enjeu crucial pour préserver l’intégrité du débat démocratique à l’ère du numérique.

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MondeTech.fr

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