Lina Khan, la plus jeune présidente de l’histoire de la Federal Trade Commission (FTC) américaine lorsqu’elle a pris ses fonctions en 2021, risque de laisser une empreinte durable sur la régulation des géants de la tech. Contrairement à ses prédécesseurs discrets, Khan communique régulièrement avec les médias sur la façon dont la FTC exécute son mandat d’application des lois antitrust et de protection des consommateurs, mettant constamment en garde les titans technologiques d’aujourd’hui.
Une agence aux moyens limités face aux géants
La stratégie de Khan est d’autant plus remarquable étant donné la taille modeste de la FTC, avec seulement 1 300 employés travaillant sur environ 150 cas simultanément, soutenus par un budget annuel de 400 millions de dollars. C’est une goutte d’eau pour certaines des entreprises qu’elle enquête, disposant de ressources colossales pour se défendre.
Il y a beaucoup d’intérêt à travers Washington pour s’assurer que nous sommes capables d’exploiter les opportunités et le potentiel de ces outils d’IA, tout en nous assurant que ces marchés restent ouverts, équitables et compétitifs.
– Lina Khan, Présidente de la FTC
Surveiller les « innovations dans l’infraction potentielle à la loi »
Khan souligne que la FTC est attentive à ce que les entreprises n’exploitent pas la nouveauté de l’IA pour contourner les lois existantes. Que ce soit par le biais d’algorithmes ou d’accords informels, la collusion et les fusions anticoncurrentielles restent illégales. L’agence observe de près les partenariats stratégiques et investissements entre grands acteurs pour s’assurer qu’ils ne créent pas d’accès privilégiés pour certains et d’exclusion pour d’autres.
Protéger l’innovation sans compromettre la sécurité nationale
Un argument souvent avancé est que les entreprises technologiques américaines doivent être protégées des actions antitrust pour ne pas nuire à la compétitivité du pays face aux menaces étrangères, notamment en matière d’IA militaire. Khan balaie cet argument en s’appuyant sur les leçons de l’histoire :
À plusieurs reprises, nous avons choisi la voie de la concurrence plutôt que de dorloter nos monopoles. Et c’est ce qui a finalement alimenté et catalysé tant d’innovations révolutionnaires et la croissance remarquable dont notre pays a bénéficié.
– Lina Khan, Présidente de la FTC
Rassurer les startups et investisseurs
Consciente des inquiétudes des startups et investisseurs craignant un gel des acquisitions, Lina Khan se veut rassurante. Sur les 3000 fusions notifiées chaque année, seules 2% font l’objet d’un examen approfondi. La FTC ne cible que celles qui renforceraient un monopole ou élimineraient une menace concurrentielle naissante. Pour une startup, un monde avec 6, 7 ou 8 acheteurs potentiels est préférable à un monde qui n’en compte qu’un ou deux.
Des ressources limitées, un impact démultiplié
Malgré son effectif réduit, la FTC sous Khan ne lésine pas sur les moyens pour avoir un impact maximal. En ciblant les acteurs clés du marché qui perpétuent des comportements anticoncurrentiels, comme un parrain de la mafia plutôt que ses hommes de main, l’agence optimise ses ressources. Cela a déjà un effet dissuasif, l’analyse antitrust étant devenue une priorité dans les discussions de fusion et acquisition.
- La FTC reste vigilante face aux tentatives des entreprises de contourner les lois via l’IA
- Les leçons de l’histoire montrent que la concurrence, et non la protection des monopoles, stimule l’innovation
- Seule une infime partie des fusions sont bloquées, rassurant startups et investisseurs
Alors que son mandat touche à sa fin, Lina Khan laissera une FTC transformée, n’hésitant plus à s’attaquer frontalement aux géants de la tech malgré des moyens limités. Un héritage qui marquera durablement la régulation du secteur, au bénéfice de la concurrence et de l’innovation.