LinkedIn Suspend La Collecte De Données Au Royaume-Uni Pour L’IA

Le réseau social professionnel LinkedIn, propriété de Microsoft, a récemment suspendu la collecte de données des utilisateurs au Royaume-Uni pour l’entraînement de modèles d’intelligence artificielle. Cette décision fait suite à des préoccupations soulevées par le régulateur britannique de la protection des données, l’ICO (Information Commissioner’s Office). Quelles sont les implications de cette suspension pour LinkedIn et pour le développement de l’IA ?

LinkedIn face aux régulateurs britanniques

Après avoir été épinglé par des experts en confidentialité pour sa pratique de collecte de données à des fins d’IA sans le consentement explicite des utilisateurs britanniques, LinkedIn a dû faire machine arrière. La plateforme a discrètement modifié sa politique de confidentialité pour ajouter le Royaume-Uni à la liste des régions européennes où elle ne propose pas d’option de retrait pour l’utilisation des données dans l’entraînement de l’IA.

Actuellement, nous n’activons pas l’entraînement pour l’IA générative sur les données des membres de l’Espace économique européen, de la Suisse et du Royaume-Uni, et nous ne fournirons pas le paramètre aux membres de ces régions jusqu’à nouvel ordre.

– Blake Lawit, Directeur juridique de LinkedIn

Cette annonce fait suite à une plainte déposée par l’association de défense des droits numériques Open Rights Group auprès de l’ICO concernant le traitement des données sans consentement par LinkedIn à des fins d’IA. L’ICO a salué la décision de LinkedIn, tout en exprimant sa déception que Meta, propriétaire de Facebook et Instagram, ait récemment repris la collecte de données des utilisateurs britanniques après une pause temporaire.

L’importance du consentement dans la collecte de données

Le modèle d’opt-out, où les utilisateurs doivent activement se retirer s’ils ne souhaitent pas que leurs données soient utilisées, est jugé insuffisant par de nombreux experts en confidentialité. Ils plaident pour un modèle d’opt-in, où le consentement explicite est requis avant toute collecte de données.

Le modèle d’opt-out s’avère une fois de plus totalement inadapté pour protéger nos droits : on ne peut pas s’attendre à ce que le public surveille et traque chaque entreprise en ligne qui décide d’utiliser nos données pour entraîner l’IA. Le consentement opt-in n’est pas seulement une obligation légale, mais une exigence de bon sens.

– Mariano delli Santi, Responsable juridique et politique chez Open Rights Group

Cette affaire met en lumière les défis de la régulation de l’utilisation des données personnelles dans le développement de l’IA. Alors que les géants de la tech cherchent à exploiter les vastes quantités de données à leur disposition pour entraîner des algorithmes toujours plus performants, les régulateurs tentent de trouver un équilibre entre innovation et protection de la vie privée.

Vers un cadre législatif pour l’IA

Le Royaume-Uni, bien que n’étant plus soumis au RGPD européen depuis le Brexit, a conservé une législation sur la protection des données largement inspirée du cadre européen. Cependant, face à l’évolution rapide des technologies d’IA, il apparaît nécessaire d’adapter et de renforcer les règles en matière de collecte et d’utilisation des données personnelles.

La décision de LinkedIn de suspendre sa collecte de données au Royaume-Uni pourrait préfigurer une tendance plus large parmi les plateformes technologiques, sous la pression des régulateurs et de la société civile. Il reste à voir si un véritable cadre législatif dédié à l’IA émergera, à l’image de ce qui se dessine au niveau européen avec l’AI Act en cours de négociation.

En attendant, il est crucial que les utilisateurs soient pleinement informés de l’utilisation faite de leurs données et aient un contrôle réel sur celles-ci. La transparence et le consentement doivent être au cœur de la relation entre les plateformes et leurs utilisateurs, afin de construire un écosystème numérique à la fois innovant et respectueux des droits fondamentaux.

author avatar
MondeTech.fr

À lire également