En cette année électorale décisive pour l’avenir de la réglementation de l’intelligence artificielle, les startups d’IA amplifient leurs efforts de lobbying auprès du gouvernement fédéral américain. Selon les dernières données d’OpenSecrets, le nombre de groupes faisant pression sur Washington concernant l’IA a grimpé de 459 en 2023 à 556 au premier semestre 2024. Parallèlement, les géants comme OpenAI et Anthropic ont considérablement augmenté leurs dépenses.
OpenAI et Anthropic en tête des dépenses de lobbying
OpenAI, créateur de ChatGPT, a dépensé pas moins de 800 000$ en lobbying sur les 6 premiers mois de 2024, contre 260 000$ sur toute l’année 2023. Son équipe de lobbyistes externes est passée de 3 à 15 consultants. La startup a notamment recruté l’ex-sénateur républicain Norm Coleman sur les questions de R&D. Son rival Anthropic suit la même tendance, avec 250 000$ investis en lobbying sur le premier semestre, presqu’autant que les 280 000$ de 2023.
Même les plus petites entreprises d’IA comme Cohere consacrent des dizaines de milliers de dollars au lobbying.
Élections présidentielles et vide réglementaire
Cette intensification du lobbying n’est pas un hasard. D’une part, les élections présidentielles approchent. La vice-présidente Kamala Harris, favorite démocrate, s’aligne sur la vision du président Biden d’une certaine régulation fédérale de l’IA. À l’inverse, Donald Trump, candidat républicain, prône un démantèlement des politiques IA de la Maison Blanche et une dérégulation générale.
D’autre part, le Congrès n’a toujours pas adopté de législation globale sur l’IA, laissant un vide que s’empressent de combler les États et gouvernements locaux. Près de 400 lois sur l’IA au niveau des États ont été proposées cette année selon TechNet.
OpenAI milite pour certaines lois, face aux risques antitrust
OpenAI se fait plus vocal sur les lois qu’elle soutient, comme celles visant à créer un organisme fédéral de réglementation de l’IA, financer des bourses de R&D ou intégrer l’IA dans l’éducation. Mais la startup doit aussi composer avec de potentielles poursuites antitrust.
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- Microsoft a renoncé à son siège d’observateur au conseil d’OpenAI, sans doute pour apaiser les régulateurs
Dans les prochains mois, tous les regards seront braqués sur les élections de novembre et l’avenir de la réglementation de l’IA. Une chose est sûre : le lobbying des startups d’IA à Washington ne fait que commencer et s’annonce intense dans cette bataille pour façonner le cadre législatif d’une technologie qui bouleverse déjà nos vies.