Dans un monde de plus en plus connecté, les arnaques téléphoniques ciblent particulièrement les personnes âgées, causant des pertes financières considérables. Face à ce fléau, O2, le plus grand opérateur mobile du Royaume-Uni, a décidé de riposter en déployant une arme inédite : une intelligence artificielle (IA) spécialement conçue pour contrer les fraudeurs.
dAIsy, l’IA qui occupe les arnaqueurs
Baptisée « dAIsy », cette IA se présente sous la forme d’un chatbot imitant une femme âgée prête à discuter de tout et de rien avec les arnaqueurs. Son but ? Les garder en ligne le plus longtemps possible en parlant de tricot, de son chat Fluffy et d’autres sujets anodins, pendant qu’ils tentent vainement d’obtenir ses (faux) détails bancaires.
Selon le communiqué de presse d’O2, dAIsy combine plusieurs modèles d’IA pour transcrire la voix de l’appelant en texte, générer une réponse via un grand modèle de langage personnalisé, puis la restituer en voix grâce à un modèle de synthèse vocale. L’IA a été entraînée en partie par Jim Browning, un expert reconnu dans le domaine du « scambait » (l’art de piéger les arnaqueurs) avec une large audience sur YouTube.
Une initiative amusante et potentiellement efficace
Voir dAIsy à l’œuvre est un vrai régal. O2 affirme que l’audio de la vidéo de démonstration est authentique. Si cette initiative peut réellement faire une différence, c’est encore mieux. L’année dernière, le FBI a rapporté que les personnes de plus de 60 ans ont été escroquées de 3,4 milliards de dollars via des arnaques téléphoniques, contre 3,1 milliards en 2022. Avec l’essor de l’IA générative et de l’imitation vocale, ces chiffres risquent d’exploser.
Les arnaques téléphoniques ont coûté 3,4 milliards de dollars aux seniors américains en 2024.
FBI
L’IA au service de la lutte contre la fraude
L’initiative d’O2 illustre parfaitement le potentiel de l’IA pour lutter contre la fraude et protéger les populations vulnérables. En occupant les arnaqueurs avec des conversations sans fin, dAIsy leur fait perdre un temps précieux qu’ils ne peuvent consacrer à escroquer de vraies victimes. C’est une approche innovante et créative pour s’attaquer à un problème de société majeur.
Bien sûr, dAIsy ne règlera pas le problème à elle seule. Il faut une combinaison de mesures :
- Sensibilisation du public, en particulier des seniors
- Coopération renforcée entre opérateurs, autorités et associations
- Sanctions plus sévères contre les fraudeurs
- Développement d’outils technologiques anti-fraude
Mais dans cette lutte, les chatbots « appâts » comme dAIsy ont certainement un rôle clé à jouer. Espérons que d’autres opérateurs et acteurs s’en inspireront pour déployer leurs propres solutions basées sur l’IA. Chaque minute passée par un arnaqueur avec un chatbot est une minute de répit pour une potentielle victime.
L’avenir de la lutte anti-fraude
Avec les progrès fulgurants de l’IA conversationnelle, on peut imaginer des chatbots « leurres » de plus en plus convaincants et efficaces pour piéger les fraudeurs. Combinés à d’autres technologies comme l’analyse en temps réel des appels suspects, ils pourraient grandement contribuer à endiguer le fléau des arnaques téléphoniques dans les années à venir.
L’exemple d’O2 montre que les opérateurs ont un rôle crucial à jouer dans ce combat, aux côtés des pouvoirs publics et des associations. En mutualisant leurs efforts et leur expertise, tous ces acteurs peuvent créer une synergie positive pour mieux protéger les citoyens, en particulier les plus vulnérables.
Alors bienvenue à dAIsy et aux futures IA anti-fraude ! Puissent-elles occuper les arnaqueurs pendant de longues heures, et nous offrir un répit salvateur dans un monde numérique toujours plus complexe à appréhender pour nos aînés. La technologie, quand elle est bien pensée et utilisée à bon escient, peut être un formidable outil au service du bien commun.
