La renommée auteure canadienne Margaret Atwood, connue pour des œuvres dystopiques comme La Servante écarlate, a récemment partagé son opinion sur la poésie générée par l’intelligence artificielle (IA) – et le verdict est sans appel. Selon elle, l’IA est encore loin de pouvoir rivaliser avec les poètes humains en termes de qualité et d’originalité.
Une poésie « vraiment mauvaise »
Interrogée par Reuters, Margaret Atwood n’a pas mâché ses mots au sujet de la poésie créée par les modèles de langage IA : « Jusqu’à présent, l’IA est un poète de m*rde », a-t-elle déclaré sans détour. « Vraiment mauvais. Pire que les humains. Et ce n’est pas non plus un très bon auteur de fiction. » Une prise de position tranchée qui tranche avec l’enthousiasme de certains pour les prouesses des IA génératrices de texte comme GPT-3.
Vous n’obtiendrez jamais un créateur original à partir de l’IA car c’est un extracteur de données.
Margaret Atwood
L’IA ne remplacera pas la créativité humaine
Pour l’auteure de 82 ans, le problème fondamental de l’IA réside dans son mode de fonctionnement. Étant entraînée sur d’immenses corpus de textes existants, elle ne fait que récupérer et réorganiser des données, sans jamais créer quelque chose de véritablement nouveau. « Vous n’obtiendrez jamais un créateur original à partir de l’IA car c’est un extracteur de données », martèle-t-elle.
Selon Margaret Atwood, les capacités créatives de l’IA sont donc fondamentalement limitées et ne sont pas près de s’améliorer substantiellement avec le temps. Une vision qui va à l’encontre des prédictions de certains experts du domaine, persuadés que les IA finiront par égaler voire surpasser les artistes humains.
Des inquiétudes pour les jeunes artistes
Si elle-même se dit trop âgée pour se soucier de l’impact grandissant de l’IA sur les arts, Margaret Atwood se montre en revanche inquiète pour la jeune génération d’artistes. « Mais si j’avais 30 ans, je serais inquiète », confie-t-elle. « Surtout si j’avais 30 ans… et que je travaillais dans les arts visuels. Si j’étais graphiste, je serais inquiète. »
Ses propos font écho à une pétition récemment lancée par des artistes et ayants droit pour demander l’arrêt de l’utilisation non autorisée d’œuvres protégées pour entraîner les modèles d’IA. Un texte qui a déjà recueilli plus de 31 000 signatures, signe d’une préoccupation grandissante chez les créateurs.
- Les modèles de langage IA sont entraînés sur des corpus de textes existants
- Ils réorganisent les données mais ne créent rien de fondamentalement nouveau
- Leurs capacités créatives sont donc limitées selon Margaret Atwood
Un futur incertain pour les arts
Même si elle se veut rassurante sur le fait que l’IA ne supplantera pas de sitôt les artistes humains, la prise de position de Margaret Atwood soulève des questions cruciales sur l’avenir des industries créatives. Face aux progrès fulgurants des technologies d’IA ces dernières années, il est légitime de s’interroger sur leur impact à long terme.
Les artistes devront-ils s’adapter et collaborer avec l’IA pour rester pertinents ? Ou au contraire affirmer la singularité et la valeur de la créativité humaine face à des algorithmes de plus en plus performants ? Autant de défis qui promettent de passionnants débats dans les années à venir.
Une chose est sûre : même à 82 ans, Margaret Atwood reste une observatrice avisée des bouleversements technologiques de notre époque. Et sa voix continuera sans nul doute de compter dans les discussions sur le futur de l’art à l’ère de l’intelligence artificielle.