Saviez-vous que Marseille, bien plus qu’une destination touristique ensoleillée, est devenue en l’espace d’une décennie un hub Internet mondial de premier plan ? Classée 7ème hub mondial et en passe de rejoindre le top 5, la cité phocéenne concentre pas moins de 15 câbles sous-marins, connectant 4,5 milliards de personnes à travers le globe. Une position géostratégique unique qui soulève de nombreux enjeux pour le développement de la ville et de son écosystème numérique. Plongeons ensemble dans les dessous de cette success story méconnue et les défis qui l’accompagnent.
Marseille, carrefour des câbles sous-marins
L’histoire entre Marseille et les câbles sous-marins ne date pas d’hier. Dès 1870, la ville a accueilli son premier câble télégraphique. Mais c’est véritablement depuis une dizaine d’années que Marseille a pris son envol pour devenir un hub incontournable. Sa position géographique, à la croisée des routes maritimes de Méditerranée, en fait un point de passage évident. Surtout, Marseille bénéficie d’une proximité unique avec les datacenters et hubs télécoms des grandes capitales européennes : Paris, Londres, Amsterdam et Francfort (le FLAP). Une route numérique qui emprunte la vallée du Rhône, bien plus efficace que les reliefs espagnols ou italiens.
Virtuellement, Singapour est dans la banlieue de Marseille, tout comme Mombasa ou Colombo.
– Fabrice Coquio, Président de Digital Realty France
Mais la plus-value de Marseille réside surtout dans sa capacité à connecter l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie. Des marchés en plein essor numérique mais encore trop étroits pour que les géants américains du web y déploient leurs propres infrastructures. La cité phocéenne devient donc leur hub pour desservir ces régions depuis l’Europe, en un temps record.
L’émergence d’un écosystème numérique florissant
Cette concentration de câbles sous-marins a eu un effet boule de neige sur le développement de datacenters à Marseille. Des acteurs de premier plan comme Digital Realty ont massivement investi, pour créer un véritable écosystème avec un atout clé : l’interconnexion. Opérateurs, fournisseurs de services cloud, entreprises, tous ont intérêt à être au plus près de la donnée pour générer un maximum de valeur.
Un cercle vertueux qui ouvre de belles perspectives de développement pour Marseille :
- Attirer des filières d’avenir gourmandes en data et en vitesse : IA, IoT, santé, éducation…
- Faire émerger un vivier de startups technologiques et d’emplois qualifiés
- Devenir un acteur clé de la résilience et de la souveraineté numérique européenne
Mais des défis à relever collectivement
Si le potentiel est là, les retombées ne sont pas encore au rendez-vous pour les Marseillais. La mairie pointe du doigt l’emprise foncière des datacenters et leur consommation électrique, pour un nombre d’emplois directs limité. Des inquiétudes légitimes qui appellent à une meilleure concertation entre acteurs publics et privés sur plusieurs enjeux :
- Planification urbaine : optimiser l’implantation des datacenters, en privilégiant les friches industrielles
- Stratégie emploi-formation : développer des filières en lien avec les besoins de l’écosystème numérique
- Transition écologique : favoriser des datacenters éco-efficients et l’usage d’énergies renouvelables
Autant de sujets sur lesquels la Ville de Marseille souhaite avancer main dans la main avec les opérateurs. L’objectif : faire de cette révolution numérique une opportunité durable et inclusive. Le défi est d’ampleur, mais Marseille a plus d’un atout dans son hub pour réussir cette mutation.
