Imaginez un monde où l’on ne répare plus seulement le corps, mais où l’on redessine carrément les frontières de l’esprit humain. Un monde où la cécité devient un mauvais souvenir, où l’on peut ajouter des neurones comme on ajoute de la RAM à un ordinateur, et où la mort elle-même pourrait devenir… optionnelle. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est le plan de Max Hodak, l’ancien président de Neuralink, qui a quitté Elon Musk pour créer quelque chose d’encore plus fou : Science Corp.
Chez les entrepreneurs tech, on parle beaucoup d’IA générative, de data centers et de licornes à 100 milliards. Pendant ce temps, en silence, une poignée de pionniers s’attaque au dernier frontier : notre cerveau. Et parmi eux, Max Hodak avance à une vitesse qui donne le vertige.
De Neuralink à Science Corp : la rupture assumée
Max Hodak a 36 ans. Il a cofondé Neuralink avec Elon Musk en 2016 et en a été le président opérationnel pendant cinq ans. Autant dire qu’il connaît la maison par cœur. Pourtant, en 2021, il claque la porte et lève 260 millions de dollars pour lancer Science Corp avec trois ex-collègues de Neuralink.
Pourquoi partir quand on travaille avec le plus célèbre entrepreneur de la planète ? Parce que Hodak voit plus loin. Beaucoup plus loin.
« Les électrodes, c’est bien pour commencer. Mais c’est brutal pour le tissu cérébral. On ne pourra jamais passer à des milliards de canaux comme ça. »
– Max Hodak, CEO de Science Corp
Son constat est simple : les interfaces cerveau-machine actuelles (Neuralink inclus) sont limitées par leur nature invasive. Chaque fil inséré abîme un peu le cerveau. C’est acceptable pour redonner la mobilité à un tétraplégique, mais impensable pour scaler à des millions, voire des milliards de connexions.
Prima : la première victoire commerciale qui change tout
Avant de révolutionner l’humanité entière, Science Corp commence par un produit concret : Prima. Un implant rétinien de la taille d’un grain de riz qui redonne une vision fonctionnelle à des personnes atteintes de dégénérescence maculaire avancée.
Les résultats des essais cliniques sur 38 patients sont impressionnants :
- 80 % des patients ont retrouvé la capacité de lire (deux lettres à la fois, puis des mots)
- Des formes nettes, pas juste des taches de lumière
- Première fois dans l’histoire qu’une restauration de la lecture fluide est prouvée chez des aveugles
Le lancement européen est prévu pour l’été 2026. Aux États-Unis, la FDA pose encore quelques questions, mais Hodak reste confiant. Prix de départ estimé : 200 000 dollars par procédure. À 50 patients par mois, Science Corp devient rentable. C’est du business très concret dans un secteur habitué aux levées de fonds sans fin.
Étape 2 : l’optogénétique, ou comment supprimer les électrodes
Prima utilise encore 400 micro-électrodes. C’est déjà révolutionnaire, mais ce n’est qu’une étape. La prochaine version repose sur l’optogénétique : on rend les neurones sensibles à la lumière grâce à une thérapie génique, puis on les stimule… avec de la lumière. Plus d’électrodes. Moins de dommages.
Pourquoi l’œil est l’organe parfait pour ça ? Parce qu’il est immunologiquement privilégié : le système immunitaire y tolère beaucoup mieux les modifications. Hodak affirme que ses protéines sont les plus rapides et les plus sensibles du marché. Les concurrents, eux, visent la mauvaise couche de cellules ou utilisent des protéines moins performantes.
L’ultime frontier : faire pousser de nouveaux neurones dans votre cerveau
Maintenant, on entre dans le domaine du vraiment fou. Science Corp a déjà testé chez la souris un dispositif en forme de gaufrier minuscule posé à la surface du cerveau. Chaque alvéole contient des neurones issus de cellules souches, génétiquement modifiés et optimisés.
Ces neurones envoyent ensuite des axones et des dendrites qui s’intègrent naturellement au tissu cérébral existant. Résultat ? 5 souris sur 9 ont appris à tourner à gauche ou à droite quand le dispositif était activé.
En clair : on vient d’ajouter du cerveau vivant, fonctionnel, à un cerveau existant. Sans rejet. Et avec un interrupteur de sécurité biologique (une simple vitamine peut tuer les neurones ajoutés si ça tourne mal).
« Le cerveau, c’est juste un tas de neurones qui se parlent. Ajouter des neurones, c’est la façon la plus naturelle d’augmenter ses capacités. »
– Max Hodak
La vraie cible : cracker le code de la conscience
Attention, ça devient philosophique. Pour Hodak, les interfaces cerveau-machine ne sont pas juste là pour soigner ou augmenter l’intelligence. Elles sont là pour comprendre ce qu’est la conscience elle-même.
Son argument :
- L’intelligence est substrate-indépendante (on la retrouve dans les cerveaux biologiques et dans les GPU)
- La conscience, on ne sait pas encore. Mais pour le prouver, il faut pouvoir la déplacer, la fusionner, la recréer
- Seule une interface à très haute résolution (milliards de canaux) permettra de résoudre le « binding problem » : comment des milliards de neurones créent une expérience subjective unifiée
Une fois ce code cracké ? On pourra :
- Fusionner plusieurs cerveaux en une seule conscience (pensez couples, équipes, nations…)
- Inclure des machines dans cette conscience
- Transférer une conscience dans un nouveau substrat (upload)
Oui, vous avez bien lu. Hodak parle ouvertement d’upload de conscience comme option face à une maladie terminale d’ici 2035.
Les timelines qui font peur (ou rêver)
Hodak donne des dates précises, ce qui est rare dans ce milieu :
- 2026 : lancement commercial de Prima en Europe
- 2035 : premières interfaces biohybrides disponibles pour les patients en besoin médical
- Fin des années 2040 : technologie ubiquitaire, même pour les personnes en bonne santé
- 2035 : premier patient qui choisira l’upload plutôt que de mourir d’un cancer
Et l’argent dans tout ça ?
La question qui tue : qui aura accès à tout ça ? Aujourd’hui, les traitements contre la dégénérescence maculaire sont remboursés. Demain, quand on parlera d’augmentation cognitive ou d’extension de vie, les assurances ne suivront plus.
Hodak le dit sans filtre : le modèle actuel de santé va exploser. Soit on dépense 10 fois plus (impossible), soit l’accès dépendra du portefeuille. Bienvenue dans un monde où certains auront une mémoire parfaite, une vitesse de calcul instantanée… et les autres non.
Ce que ça signifie pour les entrepreneurs et investisseurs
Si vous êtes dans la tech, le marketing, la finance ou les startups, cette révolution va tout bouleverser :
- Les métiers intellectuels vont être les premiers impactés (analyse, création, décision)
- Les écarts de performance entre individus augmentés et non-augmentés seront colossaux
- De nouveaux marchés gigantesques vont apparaître (formation à l’usage de son nouveau cerveau, assurance contre le hacking neuronal, etc.)
- La compétition pour les talents va devenir encore plus féroce
En résumé : celui qui comprendra le premier l’ampleur de ce qui arrive aura une avance décennale sur ses concurrents.
Conclusion : on n’est plus dans la tech, on est dans l’histoire de l’humanité
Max Hodak ne construit pas une startup. Il construit la prochaine étape de l’évolution humaine. Et il le fait avec la même tranquillité que Sam Altman quand il disait qu’il demanderait à l’IA comment OpenAI allait gagner de l’argent.
On a ri à l’époque. On a eu tort.
Aujourd’hui, Science Corp est peut-être l’entreprise la plus importante de la décennie. Pas parce qu’elle va faire un exit à 50 milliards. Mais parce qu’elle pourrait rendre la mort facultative, la solitude impossible, et redéfinir ce que signifie être humain.
Et vous, vous serez du côté de ceux qui regardent… ou de ceux qui construisent le futur ?






