Mercury Ferme Ses Services Pour Les Startups En Ukraine

La fintech Mercury, spécialisée dans les services bancaires pour startups, vient de prendre une décision qui suscite l’incompréhension au sein de la communauté entrepreneuriale : elle a brutalement fermé ses services pour les startups basées en Ukraine et au Nigeria. Une annonce qui tombe comme un couperet pour de nombreux fondateurs.

Mercury sous pression des régulateurs américains

Cette décision fait suite à un examen minutieux de Mercury par les régulateurs fédéraux américains, notamment via sa banque partenaire Choice Bank. Le gendarme bancaire s’inquiétait du fait que Mercury avait ouvert des comptes dans des pays légalement à risque et permis à des clients étrangers d’ouvrir des milliers de comptes en utilisant des méthodes douteuses pour prouver leur présence aux États-Unis.

Bien que Mercury ait affirmé en avril dernier investir dans ses équipes de conformité et de gestion des risques, la startup a finalement décidé de cesser de servir les clients situés dans certains pays, dont l’Ukraine, le Nigeria, la Corée du Nord, l’Iran, la Libye et la Russie.

L’Ukraine, un écosystème tech florissant brusquement coupé

Si certains pays de cette liste ne surprennent guère, la présence de l’Ukraine interpelle. Le pays était en effet reconnu pour sa communauté de startups dynamique et en pleine croissance, notamment avant l’invasion russe. Mercury précise que ce changement de politique ne s’applique qu’aux fondateurs vivant dans le pays, et non à ceux basés aux États-Unis avec un passeport ukrainien.

Pourtant, la fondatrice ukrainienne Alyona Mysko, PDG de Fuelfinance, a vu le compte bancaire de sa société clôturé par Mercury « parce qu’elle détient un passeport ukrainien » ! Si Mercury a admis une erreur de communication initiale à ce sujet, Mysko craint désormais que les banques ne fassent plus la différence entre l’Ukraine et la Russie en termes de risque.

Nous avons précédemment appliqué un modèle basé sur les régions pour soutenir autant de clients ukrainiens que possible ; cependant, maintenir cette politique tout en respectant nos normes de conformité rigoureuses est devenu de plus en plus complexe.

– Un porte-parole de Mercury

Des fondateurs nigérians aux États-Unis également touchés

L’Ukraine n’est pas le seul pays concerné, des fondateurs nigérians basés aux États-Unis ont vécu une expérience similaire. Mercury va clôturer leurs comptes sous 30 jours malgré le fait que leurs startups soient domiciliées sur le sol américain. Le Nigeria figure sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI), ce qui implique une surveillance accrue en raison de déficiences dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Benjamin Dada, expert en partenariats fintech au Nigeria, estime que Mercury a échoué à mettre en place l’infrastructure de conformité adéquate pour rassurer ses partenaires bancaires et les régulateurs. Des fintechs africaines comme Raenest, Verto et Leatherback pourraient en profiter pour récupérer les clients affectés.

Les conseils aux fondateurs face à l’incertitude

Face à cette situation, Ihar Mahaniok de Geek Ventures conseille aux fondateurs disposant d’un compte Mercury d’ouvrir un autre compte par précaution. Il recommande d’éviter Mercury, qui s’est avéré peu fiable, et de se tourner vers de meilleures options.

Mercury promet de revoir sa politique à l’avenir mais le mal est fait pour de nombreuses startups qui se retrouvent sans solution bancaire du jour au lendemain. Cet épisode souligne l’importance pour les fintechs de solidifier leur conformité règlementaire pour éviter de pénaliser des écosystèmes entrepreneuriaux prometteurs comme l’Ukraine. Les fondateurs doivent de leur côté multiplier les options pour sécuriser leurs opérations.

  • Mercury ferme ses services bancaires pour les startups en Ukraine et au Nigeria
  • Une décision faisant suite à la pression des régulateurs américains
  • Des fondateurs ukrainiens et nigérians impactés, même basés aux USA
  • Les fintechs africaines pourraient récupérer les clients affectés
  • Mercury promet de revoir sa politique mais le mal est fait
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