Un recours collectif de type antitrust vient d’être déposé au Royaume-Uni contre le géant technologique Microsoft. Les plaignants réclament pas moins de 1,25 milliard de dollars de dommages et intérêts, alléguant que l’entreprise a imposé des frais de licence plus élevés aux clients utilisant des plateformes cloud concurrentes comme Amazon Web Services, Google Cloud Platform ou Alibaba Cloud.
Une pratique anticoncurrentielle dénoncée
Selon la plainte déposée mardi devant le Competition Appeal Tribunal britannique, les clients d’AWS, GCP et Alibaba Cloud auraient dû payer des frais plus élevés pour utiliser les logiciels Windows Server de Microsoft par rapport aux utilisateurs du service cloud maison Azure. Une discrimination tarifaire qui serait destinée à pousser les entreprises vers la solution cloud de Microsoft, au détriment de la concurrence.
En agissant ainsi, Microsoft tente de forcer les clients à utiliser son service de cloud computing Azure et de restreindre la concurrence dans le secteur.
– Dr Maria Luisa Stasi, avocate en charge de l’action collective
Microsoft déjà dans le viseur des régulateurs
Ce recours intervient alors que les pratiques de Microsoft dans le cloud computing font l’objet d’une attention accrue des régulateurs ces dernières années :
- La Federal Trade Commission américaine a ouvert une vaste enquête antitrust sur Microsoft, y compris ses activités de licence de logiciels et de cloud computing
- Au Royaume-Uni, la Competition and Markets Authority (CMA) a lancé une étude de marché sur le cloud computing fin 2023, s’inquiétant particulièrement des pratiques d’Amazon et Microsoft
- En Europe, Microsoft a dû verser des « dizaines de millions » d’euros suite à une plainte antitrust déposée par l’association professionnelle du cloud CISPE en novembre 2022
1,25 milliard de dollars de dommages réclamés
Financée par le fournisseur de financement de litiges LCM Funding UK Limited, cette action collective britannique vise à rendre justice aux milliers d’entreprises et organisations locales qui auraient été surfacturées pour l’utilisation de Windows Server.
Ce procès vise à contester le comportement anticoncurrentiel de Microsoft, à les pousser à révéler exactement combien les entreprises britanniques ont été pénalisées illégalement et à restituer l’argent aux organisations qui ont été injustement surfacturées.
– Dr Maria Luisa Stasi
Les clients britanniques de Microsoft sont automatiquement inclus dans l’action, sauf s’ils choisissent activement de s’exclure. Aucun frais n’est à prévoir, seul le potentiel de recevoir des dommages et intérêts si le procès aboutit ou si Microsoft décide de régler à l’amiable comme ce fut le cas avec la CISPE.
Microsoft nie les accusations
Contacté au sujet de ce recours, Microsoft n’a pas souhaité faire de commentaire à ce stade. Mais il y a fort à parier que le géant de Redmond contestera fermement ces accusations, comme il l’avait fait face à la plainte de la CISPE avant de finalement régler l’affaire.
Il faudra suivre de près l’évolution de cette action collective outre-Manche, ainsi que les enquêtes en cours des régulateurs. Le marché très stratégique et lucratif du cloud computing est plus que jamais sous surveillance. Et les pratiques des acteurs dominants comme Microsoft seront scrutées à la loupe pour s’assurer qu’elles ne faussent pas le jeu de la libre concurrence, au détriment des entreprises clientes et de l’innovation.