Navire chinois soupçonné de sabotage des câbles internet en mer Baltique

Des enquêteurs européens soupçonnent qu’un navire commercial chinois aurait délibérément saboté deux câbles de données critiques en mer Baltique en traînant son ancre le long du fond marin. Selon le Wall Street Journal, le navire venait de quitter la Russie avec une cargaison de fertilisants russes lorsqu’il a traversé la zone où les câbles ont été sectionnés.

Une possible implication des services de renseignement russes

Si les enquêteurs pensent que cette action de sabotage a pu être orchestrée par les services de renseignement russes, ils ne croient pas en revanche que le gouvernement chinois soit impliqué. Le Kremlin a nié ces accusations. Cet incident s’inscrit dans une série d’actes de malveillance visant des infrastructures critiques européennes cette année, que beaucoup attribuent à la Russie sans pouvoir le prouver formellement.

Le sabotage peut être incroyablement difficile à prouver et les responsables s’arrêtent souvent avant de porter des accusations directes.

– The Wall Street Journal

Les défis d’une enquête internationale en eaux troubles

L’enquête se trouve actuellement dans une situation délicate. En effet, les États membres de l’OTAN n’ont pas le droit d’exiger que le navire chinois accoste dans l’un de leurs ports. Les responsables suédois et allemands doivent donc négocier avec le propriétaire du navire afin d’obtenir l’accès au bateau et à son équipage.

En parallèle, la police allemande a dépêché des drones pour examiner les câbles endommagés et le fond marin à la recherche d’indices. Mais la collecte de preuves tangibles d’un acte malveillant délibéré s’annonce ardue.

L’importance stratégique des câbles sous-marins

Cet incident met en lumière la vulnérabilité des câbles sous-marins qui transportent plus de 97% du trafic internet mondial. Ces infrastructures essentielles, bien que peu visibles, sont depuis longtemps dans le collimateur des services de renseignement.

  • Les câbles sous-marins sont difficiles à surveiller et à protéger
  • Leur sabotage peut provoquer d’importantes perturbations économiques et stratégiques
  • La Russie est soupçonnée de mener un programme actif de cartographie et de ciblage des câbles

Des tensions géopolitiques exacerbées

Cet épisode s’inscrit dans un contexte de rivalité croissante entre les puissances occidentales et le bloc sino-russe. Si l’implication de la Chine n’est à ce stade pas avérée, cet incident risque néanmoins d’alimenter la méfiance envers Pékin, déjà accusée d’utiliser ses entreprises à des fins d’espionnage.

De son côté, la Russie nie en bloc mais peine à convaincre, dans un climat déjà lourd de suspicions quant à ses actions de déstabilisation en Europe. Cette affaire de câbles sabotés en mer Baltique pourrait bien jeter un froid supplémentaire sur des relations Est-Ouest déjà glaciales.

Vers un durcissement de la sécurité des infrastructures stratégiques ?

Face à la menace, de plus en plus tangible, de sabotages des infrastructures critiques, les pays occidentaux vont sans doute devoir renforcer drastiquement leurs mesures de protection et de surveillance. Cela pourrait passer par :

  • Un meilleur partage du renseignement au sein de l’OTAN
  • Des patrouilles maritimes accrues dans les zones sensibles
  • Des obligations plus strictes pour les opérateurs d’infrastructures critiques

Mais ces mesures auront un coût, aussi bien financier qu’en termes de libertés, qu’il faudra peser face à l’impératif de sécurité. L’affaire des câbles sectionnés en mer Baltique pourrait bien être le déclencheur d’une prise de conscience plus large sur la vulnérabilité de nos sociétés interconnectées face aux menaces hybrides.

À lire également