Dans un contexte où l’intelligence artificielle (IA) est en plein essor, la question de sa régulation devient cruciale. OpenAI, l’un des acteurs majeurs du secteur, vient de présenter sa vision de ce que devrait être un cadre réglementaire pour l’IA, à travers un « blueprint » évolutif. Ce document expose les politiques qu’OpenAI souhaiterait voir mises en place, en collaboration avec le gouvernement américain et ses alliés, pour à la fois stimuler l’innovation et garantir la sécurité dans ce domaine.
Un appel à l’action du gouvernement américain
Dans la préface du blueprint, Chris Lehane, vice-président des affaires globales d’OpenAI, souligne l’urgence pour les États-Unis d’agir afin d’attirer les investissements nécessaires au développement de l’IA, que ce soit en termes de puces, de données, d’énergie ou de talents. Il met en avant le rôle clé que peut jouer le gouvernement pour permettre à l’industrie américaine de l’IA de « continuer à mener l’innovation mondiale tout en protégeant la sécurité nationale ».
OpenAI pointe du doigt l’approche actuelle, qui laisse la régulation de l’IA principalement aux États, créant une situation complexe et parfois contradictoire. La startup plaide pour une action fédérale plus substantielle, citant notamment les limites du CHIPS Act destiné à relancer l’industrie des semi-conducteurs.
Le CHIPS Act n’a pas été aussi efficace que nous l’espérions. Il y a une vraie opportunité pour l’administration Trump de faire quelque chose de bien mieux en matière de suivi.
– Sam Altman, CEO d’OpenAI
Des propositions concrètes pour encadrer l’IA
Pour soutenir le développement de l’IA, le blueprint d’OpenAI recommande notamment :
- Une augmentation significative des dépenses fédérales dans l’énergie et la transmission de données
- Le développement de nouvelles sources d’énergie (solaire, éolien, nucléaire)
- L’élaboration de bonnes pratiques pour le déploiement de modèles IA
- Une collaboration renforcée entre l’industrie et les agences de sécurité nationale
- Des contrôles à l’exportation permettant le partage de modèles avec les alliés tout en limitant leur accès aux nations adverses
Sur le plan de la sécurité des modèles IA, OpenAI appelle à une rationalisation des exigences et à un partage accru d’informations entre le gouvernement et les entreprises. L’objectif : aider ces dernières à sécuriser les ressources nécessaires pour évaluer les risques liés à leurs modèles.
Standards volontaires et utilisation des contenus protégés par le droit d’auteur
Si OpenAI plaide pour l’élaboration de standards « reconnus et respectés » au niveau international, l’entreprise ne va pas jusqu’à préconiser des règles obligatoires. Elle propose plutôt une « voie volontaire définie » pour les entreprises développant de l’IA, afin qu’elles collaborent avec le gouvernement sur l’évaluation et le test des modèles.
Autre point sensible abordé dans le blueprint : le droit d’auteur. OpenAI estime que les développeurs d’IA devraient pouvoir utiliser les informations publiquement disponibles, y compris les contenus protégés, pour entraîner leurs modèles. Tout en soulignant les efforts déployés pour respecter les droits de propriété intellectuelle, l’entreprise juge « impossible » de se passer de ces matériaux et appelle à des mesures « raisonnables » sur ce sujet.
Vers une influence croissante d’OpenAI sur les politiques d’IA
Bien qu’il soit encore tôt pour mesurer l’impact du blueprint sur la législation à venir, ce document confirme la volonté d’OpenAI de peser dans la course à une politique unifiée de l’IA aux États-Unis. L’entreprise a considérablement renforcé ses efforts de lobbying ces derniers temps, multipliant par trois ses dépenses en la matière au premier semestre 2024 par rapport à l’ensemble de l’année précédente.
OpenAI a également recruté d’anciens responsables gouvernementaux et s’est positionnée publiquement sur plusieurs projets de loi. Nul doute que la startup, portée par le succès de son modèle ChatGPT, entend bien faire entendre sa voix dans les débats à venir sur la régulation de l’IA, aux États-Unis comme au niveau international.