Le milliardaire Palmer Luckey, cofondateur d’Anduril, a déclaré qu’il ne ferait « aucune pitié » à la petite startup Salient Motion. Pourtant, le célèbre investisseur a16z, connu pour avoir soutenu Anduril, a décidé de miser sur Salient Motion. Un David contre Goliath dans l’aérospatiale qui ne manque pas de piquant.
L’histoire de la création de Salient Motion
Il y a deux ans, Vishaal Mali, Kai Yin et Aiden Jenkins ont quitté leurs postes d’ingénieurs chez Anduril pour fonder Salient Motion dans un garage, avec pour rêve de révolutionner l’industrie des pièces détachées pour avions. L’idée : réutiliser le code des pièces pour les produire plus rapidement et à moindre coût.
En mai 2023, la startup avait déjà bien avancé et loué de vrais bureaux. C’est alors que Palmer Luckey a lancé les hostilités.
Anduril et Palmer Luckey attaquent Salient Motion en justice
En septembre 2023, Anduril, qui a levé environ 3,8 milliards de dollars selon PitchBook, a poursuivi en justice Salient Motion, qui ne comptait alors que 4 employés. Les accusations : vol de code et de propriété intellectuelle d’Anduril. Palmer Luckey lui-même a déclaré dans un message Slack qu’il n’aurait « aucune pitié » pour quiconque volant la propriété intellectuelle de sa société.
Salient Motion a contre-attaqué en justice, niant tout vol. Les poursuites ont été abandonnées en juillet, mais ont miné l’équipe : Kai Yin a quitté la startup début 2024 et poursuit maintenant Salient Motion pour que ses frais d’avocat soient remboursés.
A16z mise sur Salient Motion malgré les poursuites
Mais tous ne sont pas du côté d’Anduril. En septembre, Salient Motion a levé 4 millions lors d’un tour de seed mené par Cantos Ventures, avec la participation notable d’a16z, pourtant un soutien historique d’Anduril. Katherine Boyle, partner chez a16z, a investi lors du pre-seed et du seed de Salient Motion.
« Elle n’était pas obligée de nous soutenir, mais elle a été super, en termes de conseils sur comment procéder, comment gérer ses émotions »
– déclare Vishaal Mali, CEO de Salient Motion.
Ian Rountree de Cantos Ventures reconnaît que vu de l’extérieur, la situation pouvait sembler périlleuse pour une jeune pousse. Mais en coulisses, « il y avait un élan positif », assure-t-il.
Le pari de Salient Motion pour changer l’aérospatiale
Vishaal Mali a eu un aperçu des travers de l’industrie aérospatiale lors de son passage chez Anduril. Pour chaque avion, de nombreuses pièces ne peuvent être fournies que par un seul fabricant qui se retrouve en situation de monopole. Des aberrations comme des sacs de petites pièces vendus 90 000$ ou une poubelle à 52 000$.
Salient Motion veut casser ce système en réutilisant le code d’une pièce à l’autre. Par exemple, les mécanismes pour les toilettes et pour incliner les sièges en classe affaire ont 70% de code en commun. En réutilisant ce code, Salient Motion promet de réduire les délais de 2 ans à 6 mois pour fournir une pièce certifiée.
La startup a déjà une douzaine de clients et a récemment décroché un gros contrat avec un grand constructeur. Les fonds levés serviront à doubler l’équipe et ouvrir une usine.
Reste à savoir si la hache de guerre est vraiment enterrée avec Anduril. « Cela dépendra vraiment de notre feuille de route en tant qu’entreprise », glisse Vishaal Mali.
Malgré la fronde du géant Anduril, le minuscule Salient Motion trace sa route pour révolutionner la production de pièces détachées pour avions. Avec des soutiens de poids comme a16z à ses côtés, la battle dans le ciel ne fait peut-être que commencer.