Pénuries d’Eau : La Menace qui Pèse sur l’Industrie des Semi-Conducteurs

Imaginez un monde où votre smartphone dernier cri devient subitement inabordable. Où les voitures high-tech se font rares sur les routes. Ce scénario dystopique pourrait devenir réalité à cause d’une ressource trop souvent négligée : l’eau. Selon une récente étude de S&P Global, les plus grands fabricants de semi-conducteurs sont aujourd’hui confrontés à un risque grandissant de pénuries d’eau. Une menace invisible qui plane sur toute l’industrie électronique mondiale.

L’eau, le sang des puces électroniques

Si les semi-conducteurs sont le cerveau de nos appareils électroniques, l’eau ultra-pure en est le sang. Chaque étape de fabrication d’une puce nécessite un rinçage abondant pour éliminer les impuretés. Plus la gravure est fine, plus le nombre de cycles de rinçage augmente, et plus la consommation d’eau s’envole. Au total, l’industrie des semi-conducteurs engloutit autant d’eau qu’une ville de 7,5 millions d’habitants comme Hong Kong !

Chez TSMC, leader mondial incontesté, la consommation d’eau a bondi de 35% entre 2015 et aujourd’hui. Il faut dire qu’en 9 ans, le groupe taïwanais est passé d’une gravure en 16nm à une technologie 2nm ultra-avancée. Une prouesse technologique qui a un coût environnemental conséquent.

La sécurité de l’eau sera un facteur de plus en plus important pour les profils de crédit des entreprises de semi-conducteurs.

– S&P Global

Le changement climatique menace l’approvisionnement en puces

Avec le réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse se multiplient tandis que les précipitations se raréfient. Un cocktail explosif pour l’industrie des semi-conducteurs qui dépend d’un approvisionnement stable en eau de qualité. Entre octobre 2020 et juin 2021, Taïwan a ainsi imposé à ses usines de réduire leur consommation d’eau de 20% pour cause de sécheresse. Un coup dur pour TSMC, déjà fragilisé par la pandémie de Covid-19.

Étant donné la position ultra-dominante de TSMC sur le marché des puces avancées, le moindre accroc dans sa production a des répercussions mondiales. Pour maintenir ses marges en cas de pénurie d’eau, le groupe pourrait être tenté de se focaliser sur les puces les plus rentables au détriment des composants plus matures. Ce qui pénaliserait des pans entiers de l’économie, de l’automobile à l’électronique grand public en passant par l’aéronautique.

Vers une hausse inévitable des prix ?

Pour les experts de S&P Global, une mauvaise gestion des ressources en eau pourrait sérieusement écorner les finances et la réputation des fabricants de semi-conducteurs. A terme, le risque est de voir les prix des puces s’envoler pour compenser les pertes et financier les investissements nécessaires pour sécuriser l’approvisionnement en eau.

Une chose est sûre : face au défi de l’eau, l’industrie des semi-conducteurs va devoir redoubler d’ingéniosité. Optimiser les procédés, recycler, dessaler l’eau de mer… Les pistes sont nombreuses mais elles ont toutes un coût. L’eau pourrait bien devenir l’enjeu majeur des prochaines années pour ce secteur stratégique. Car sans eau, point de puces. Et sans puces, c’est tout un pan de notre économie et de notre mode de vie high-tech qui vacille.

  • L’eau est un élément critique pour la production de semi-conducteurs
  • Les pénuries d’eau menacent l’approvisionnement mondial en puces
  • Le changement climatique aggrave le risque de sécheresse
  • Les prix des puces pourraient augmenter en cas de pénurie d’eau
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