Dans un monde de plus en plus connecté virtuellement, la solitude n’a jamais été aussi présente. C’est le constat qu’a fait Andy Dunn, entrepreneur en série et ancien patron de Bonobos, en s’installant à Chicago il y a quelques années. Malgré sa carrière florissante et son engagement pour la santé mentale des fondateurs, il s’est rendu compte d’une triste réalité : il n’avait pas réussi à se faire de nouveaux amis.
Cette expérience, loin d’être isolée, reflète une tendance de fond : les Américains sont de plus en plus solitaires. Un phénomène qui s’est accentué avec la pandémie mais qui ne s’est pas résorbé avec la levée des restrictions. Face à ce défi sociétal, Andy Dunn a décidé d’agir en lançant Pie, un réseau social visant à faciliter les rencontres et les événements locaux.
Un concept novateur basé sur l’engagement des créateurs d’événements
Si les applications d’événements comme Partiful ont le vent en poupe, elles sont souvent destinées à organiser des rassemblements avec son cercle social existant. Quant à Facebook Events, autrefois incontournable pour découvrir ce qui se passe dans son quartier, il perd du terrain auprès de la génération Z. C’est là que Pie se démarque en misant sur les créateurs d’événements.
Nous pensons qu’il existe toute une économie cachée de personnes qui adorent rassembler les autres et qui vont contribuer à mettre fin à cette pandémie d’isolement social. Il leur faut juste un peu d’argent et de capital pour pouvoir faire leur truc.
Andy Dunn, fondateur de Pie
Avec un fonds dédié d’un million de dollars, Pie rémunère les organisateurs entre 5 et 10 dollars par participant pour qu’ils proposent des événements originaux et fédérateurs. Un modèle qui porte ses fruits, à l’image du Sunday Morning Club qui encourage à troquer la grasse matinée contre du yoga ou du beach-volley collectif.
Un pari audacieux soutenu par des investisseurs de renom
Pour financer cette approche innovante, Pie a réussi à lever 11,5 millions de dollars lors d’une série A menée par Kirsten Green de Forerunner Ventures. Ev Williams, co-fondateur de Twitter, a également misé 5,3 millions à titre personnel. Au total, la startup a réuni 24 millions de dollars, une somme conséquente pour s’imposer dans un secteur ultra-concurrentiel où la monétisation reste un défi.
Si l’équation économique n’est pas encore résolue, Pie dispose d’une marge de manœuvre suffisante pour peaufiner son modèle. Car au-delà de l’enjeu financier, c’est bien un changement de mentalité qu’il s’agit d’opérer pour inciter les gens à sortir de chez eux et tisser des liens.
Des fonctionnalités repensées pour favoriser les rencontres amicales
Pie mise sur plusieurs leviers pour surmonter la réticence de certains utilisateurs. Tous les événements ne sont pas publics, ce qui ajoute une couche de sécurité pour les créateurs de renom qui ne souhaitent pas diffuser leur localisation à tous leurs abonnés. Mais c’est aussi un moyen de susciter l’intérêt et l’engagement.
Si vous êtes invité à tout, vous n’avez pas vraiment envie d’y aller. Pie fonctionne sur le principe des amis d’amis, un peu comme les connexions de premier et second degré sur LinkedIn.
Andy Dunn, fondateur de Pie
Autre enseignement tiré des premières versions de l’app : les rencontres amicales fonctionnent mieux en groupe qu’en tête-à-tête. Exit donc le quiz de personnalité initial censé vous matcher avec un ami potentiel, place à des expériences collectives plus naturelles et moins contraignantes.
San Francisco, une ville pleine de promesses pour étendre le réseau
Forte de ses 23 000 utilisateurs à Chicago en octobre, Pie a choisi San Francisco comme deuxième ville de lancement, un choix qui n’a rien d’anodin. La cité californienne regorge d’entrepreneurs, de créatifs et de gens ambitieux en quête de connexions, un terreau idéal pour une app qui veut révolutionner la façon dont on se fait des amis.
Alors que la pandémie a exacerbé un mal-être latent, des initiatives comme Pie redonnent espoir en la capacité des technologies à nous rapprocher plutôt qu’à nous éloigner. En misant sur l’engagement de sa communauté et l’organisation d’événements locaux, cette app nouvelle génération pourrait bien réussir son pari : faire de la lutte contre la solitude un moteur de croissance et d’épanouissement personnel.