Protestations de masse contre le DOGE d’Elon Musk à New York

En ce lundi 17 février, jour férié du Presidents’ Day aux États-Unis, plus de 10 000 personnes se sont rassemblées dans les rues de New York pour manifester contre les actions du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) dirigé par Elon Musk. Ce rassemblement faisait partie d’une série de protestations organisées dans plusieurs grandes villes américaines ce même jour, auxquelles se sont ajoutées des manifestations de moindre ampleur devant des concessions Tesla à travers le pays pendant ce long week-end.

Un accès controversé aux données sensibles des Américains

Les manifestants présents à Washington Square Park ont exprimé leurs inquiétudes quant à l’accès du DOGE aux données personnelles de millions d’Américains, ainsi qu’au démantèlement par ce groupe de plusieurs agences fédérales. Nombreux sont ceux qui perçoivent le travail d’Elon Musk au sein du DOGE comme une tentative voilée d’accaparer un pouvoir financier sans précédent, s’indignant qu’un individu non élu ait pu obtenir un tel niveau de contrôle sur le gouvernement fédéral.

Je pense qu’il est extrêmement dangereux qu'[Elon Musk] ait accès à nos données personnelles. C’est une sorte de fan de science-fiction qui vit dans un fantasme futuriste qu’il essaie de mettre en œuvre, et il a les moyens de faire des dégâts considérables. Il bidouille un truc qu’il n’est pas vraiment capable de comprendre.

– Dmitri, 53 ans, architecte

La consolidation du pouvoir par les milliardaires inquiète

Tom, un enseignant à la retraite de 55 ans brandissant une pancarte « Personne n’a voté pour Musk », a déclaré ne pas croire que l’électeur MAGA moyen ait voté pour Elon Musk. Il s’inquiète de l’impact des coupes budgétaires du DOGE sur les Américains, au niveau des États, des collectivités locales et des individus.

La consolidation du pouvoir entre les mains des milliardaires est une chose effrayante.

– Tom, 55 ans, enseignant à la retraite

Un coup d’État en marche selon certains opposants

Victoria, une enseignante de 37 ans, a brandi une pancarte « Stop au coup d’État », faisant écho aux propos tenus lundi par la procureure générale de l’Arizona, Kris Mayes, qui a déclaré au Guardian :

Aux États-Unis, nous faisons appel des décisions avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord – nous n’ignorons pas les ordres des tribunaux et nous ne menaçons pas les juges de destitution simplement parce que nous n’aimons pas leur décision. C’est un coup d’État, ni plus ni moins.

– Kris Mayes, procureure générale de l’Arizona

Des conflits d’intérêts d’Elon Musk pointés du doigt

Corwin, un petit entrepreneur de 39 ans, a souligné les conflits d’intérêts d’Elon Musk et ses attitudes anti-réglementaires qui le profitent personnellement et financièrement. Le milliardaire a en effet ciblé plusieurs agences pour réduction ou démantèlement, des organismes qui régulent justement des secteurs dans lesquels ses entreprises opèrent.

  • Musk veut supprimer le Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB) qui réglementera l’expansion prévue de X dans les services financiers
  • Il entend s’attaquer à la FAA, l’agence avec laquelle il s’est déjà disputé et qui réglemente SpaceX
  • Il appelle à mettre fin à une règle obligeant les constructeurs automobiles à signaler les accidents impliquant des technologies de conduite autonome

L’image de marque de Tesla écornée

Les actions d’Elon Musk au niveau fédéral ont eu un impact sur l’image de marque de Tesla. Lors des résultats du 4ème trimestre 2024 du constructeur automobile, l’analyste Thomas Monteiro d’Investing.com a noté que l’engouement autour de Tesla est en baisse en raison, entre autres, d’une « dévaluation sévère de la marque ». Des histoires émergent de gens vendant leur Tesla par désir de ne plus soutenir les entreprises d’Elon Musk.

Les ventes de Tesla, qui souffraient déjà d’une concurrence accrue et d’une gamme vieillissante, se sont effondrées en Europe après un geste d’Elon Musk à l’inauguration présidentielle, interprété par beaucoup comme un salut nazi. Plusieurs entreprises allemandes ont coupé les ponts avec Tesla en réaction au soutien de Musk à Trump et au parti d’extrême droite AfD.

New York au cœur de la contestation anti-Musk

Les manifestants new-yorkais sont partis d’Union Square pour marcher jusqu’à Washington Square Park, se rassemblant sous l’arche commémorative emblématique dédiée à George Washington, le premier président des États-Unis. Ils ont scandé « Hey, hey, ho, ho, Elon Musk has got to go » et brandi des pancartes couvrant divers sujets, mais avec Elon Musk et le DOGE comme thèmes récurrents.

Selon les estimations de la police new-yorkaise, plus de 10 000 personnes étaient présentes à cette manifestation dans une ambiance animée mais pacifique, alors même que les températures avoisinaient les 0°C malgré un beau soleil.

Ces protestations à New York et ailleurs illustrent la controverse grandissante autour du rôle d’Elon Musk au sein du gouvernement américain et les craintes d’une concentration excessive des pouvoirs entre les mains d’un milliardaire non élu. Elles témoignent aussi du fossé qui se creuse entre le soutien d’Elon Musk à Donald Trump et une partie de l’opinion publique américaine inquiète des dérives potentielles.

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