Alors que l’écosystème des startups est en pleine ébullition, force est de constater que les inégalités entre hommes et femmes persistent en matière de financement. Selon les dernières données de Pitchbook, les startups fondées uniquement par des femmes n’ont levé que 2,2% du capital-risque total au premier semestre 2024, malgré des records d’investissements. Un chiffre qui stagne autour des 2% depuis plusieurs années maintenant. Faut-il y voir le signe d’un plafond de verre inébranlable ou les prémices d’un changement de paradigme ?
Un écart de financement qui se creuse
Si l’on regarde les chiffres dans leur globalité, le constat est sans appel. Au premier semestre 2024, les startups avec au moins une fondatrice ont levé 15,5 milliards de dollars, soit 17% du total, contre 24,8 milliards (28%) sur la même période en 2023. L’écart se creuse donc, dans un contexte pourtant favorable aux startups en général.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :
- Avec la crise, les investisseurs se recentrent sur leur portefeuille existant, limitant les nouveaux deals
- La majorité des startups féminines sont encore en phase d’amorçage, un segment particulièrement challengé
- Le climat politique tendu, comme l’illustre le procès contre Fearless Fund, pénalise les fondatrices
Des success stories qui montrent la voie
Malgré ce contexte difficile, quelques belles réussites viennent apporter une note d’espoir et prouver que les startups fondées par des femmes ont un rôle clé à jouer :
La startup de Julie Bornstein, spécialisée dans la recherche e-commerce par IA, a levé 50 millions en seed en juin
– DayDream
Romi Gubes a obtenu 31 millions en Serie B pour développer sa solution de monitoring des seniors par IA
– Sensi.AI
Autre signe encourageant, les startups avec des équipes mixtes attirent davantage de financement en growth stage, avec des montants record cette année. Un vivier prometteur pour l’avenir.
Casser les codes pour libérer le potentiel
Si les biais inconscients et les stéréotypes ont la vie dure dans l’univers très masculin de la tech et du capital-risque, certaines initiatives œuvrent à faire bouger les lignes.
- Emergence de communautés et réseaux de femmes investisseuses et entrepreneures pour s’entraider
- Multiplication des programmes d’incubation et d’accélération dédiés aux startups féminines
- Mentorat par des investisseurs expérimentés pour gagner en crédibilité
Au-delà de ces dispositifs, c’est un changement culturel profond qui est nécessaire. Mettre en avant des role models inspirants, féminiser les équipes d’investissement, sensibiliser sur les biais… Autant de leviers pour casser le plafond de verre.
L’avis d’une experte
Les équipes mixtes obtiennent souvent plus de fonds car elles sont perçues comme ayant des perspectives équilibrées et des compétences plus larges. Mais plutôt que de jouer sur la composition des équipes, les fondatrices doivent se concentrer sur la performance et prouver la solidité de leur projet. Le financement suivra.
– Kate Bodrova, fondatrice de la edtech Amazy
La route est encore longue pour atteindre une véritable parité dans le venture capital. Mais dans cet écosystème bouillonnant, les startups fondées par des femmes ont de sérieux atouts à faire valoir. A elles de transformer l’essai pour prouver qu’elles sont incontournables, au-delà des chiffres et des préjugés !