Dans un rebondissement surprenant, la pépite française de l’intelligence artificielle Preligens va finalement être rachetée par le groupe Safran. Cette acquisition stratégique permet à la jeune pousse de rester sous pavillon tricolore alors que des sociétés étrangères semblaient en pole position. Retour sur les enjeux de cette opération qui renforce le poids de Safran dans la défense et ouvre de nouvelles perspectives de croissance à Preligens, notamment à l’international.
Preligens, un expert de l’IA pour la défense
Fondée en 2016, la start-up Preligens s’est rapidement fait un nom dans le domaine de l’intelligence artificielle appliquée à la défense et au renseignement militaire. Sa spécialité : développer des algorithmes d’analyse et d’interprétation automatisée d’images satellites.
Son savoir-faire a séduit plusieurs entités du ministère des Armées français ainsi qu’un service de renseignement britannique. En 2022, Preligens a décroché un mégacontrat de 240 millions d’euros sur 7 ans avec la défense française pour le traitement de volumes massifs de données. L’armée hexagonale est ainsi devenue son principal client.
Un rachat stratégique pour Safran
Malgré un carnet de commandes bien rempli et des perspectives de forte croissance, les actionnaires de Preligens ont souhaité vendre. Après plusieurs mois de négociations avec des prétendants étrangers comme l’italien Telespazio et le suédois Hexagon, c’est finalement le français Safran qui a raflé la mise.
Pour un montant estimé à 220 millions d’euros, le groupe aéronautique met la main sur une pépite technologique et renforce ses activités dans la défense et le spatial. Preligens viendra compléter l’offre de Safran Electronics & Defense dans le domaine du renseignement et de l’observation.
Ce rachat représente une immense opportunité de développement pour Preligens, en particulier à l’international.
Jean-Yves Courtois, Président de Preligens
Cap sur les États-Unis et la diversification
Intégrer Safran va en effet permettre à Preligens d’accélérer son déploiement à l’étranger, en particulier sur le marché américain de la défense. Le groupe français y est déjà bien implanté à travers sa filiale Safran Federal Systems.
Au-delà de la conquête de nouveaux territoires, ce rachat doit aussi aider Preligens à diversifier ses revenus. Très dépendante des contrats avec l’armée française, la start-up a souffert en 2023 de la non-reconduction de plusieurs projets. Résultat : un plan social, des pertes et une levée de fonds avortée.
- Étendre la présence de Preligens aux États-Unis via le réseau de Safran
- Proposer les solutions IA à de nouveaux clients comme Airbus
- Réduire la dépendance aux contrats de l’armée française
Adossé à un groupe solide et diversifié, Preligens va pouvoir explorer de nouveaux marchés pour ses technologies d’intelligence artificielle. Au-delà du secteur de la défense, ses algorithmes pourraient par exemple trouver des applications chez des avionneurs comme Airbus.
Vers une consolidation du secteur
Plus largement, ce rachat illustre la tendance à la consolidation qui se dessine dans l’écosystème français des start-up de la défense et du renseignement. Face aux géants étrangers, les pépites tricolores de l’IA vont devoir trouver les moyens de changer d’échelle, que ce soit par la croissance organique ou externe.
Dans ce contexte, le soutien de grands groupes industriels hexagonaux apparaît crucial pour préserver notre souveraineté technologique. En misant sur Preligens, Safran montre la voie à suivre pour faire émerger des champions français de l’intelligence artificielle dans le domaine sensible de la défense.