Imaginez un instant : vous installez une application pour surveiller un proche, pensant que tout restera discret. Quelques semaines plus tard, vos emails, photos et messages personnels se retrouvent exposés sur le web, accessibles à n’importe qui. Cela semble être un cauchemar, mais c’est une réalité bien trop fréquente avec les stalkerwares. Ces logiciels, souvent vendus comme des outils légitimes pour espionner un conjoint ou surveiller un enfant, sont devenus un fléau dans le monde numérique. Entre piratages à répétition et fuites de données massives, ils ne mettent pas seulement en danger leurs utilisateurs, mais aussi leurs victimes. Alors, pourquoi ces applications sont-elles un fiasco total, surtout pour les entrepreneurs, marketeurs ou startupers sensibles à la sécurité de leurs données ? Plongeons dans cet univers sombre et révélateur.
Qu’est-ce qu’un Stalkerware et Pourquoi il Séduit ?
Les stalkerwares, ou logiciels d’espionnage grand public, sont des applications conçues pour surveiller à distance un appareil – souvent un smartphone ou une tablette. Ils promettent de suivre les appels, lire les messages, accéder aux photos ou même localiser leur cible via GPS. Leur marketing est rodé : des slogans accrocheurs visent les partenaires jaloux ou les parents inquiets, surfant sur des émotions comme la méfiance ou la peur. Des noms comme mSpy, Cocospy ou Spyic évoquent une solution simple et discrète. Mais derrière cette façade, une industrie trouble prospère, souvent au mépris de l’éthique et de la loi.
Pour un entrepreneur ou un professionnel du marketing digital, l’idée de surveiller un concurrent ou un employé pourrait sembler séduisante. Pourtant, ces outils s’avèrent être des bombes à retardement. Non seulement ils flirtent avec l’illégalité – la surveillance sans consentement est prohibée dans la plupart des pays –, mais ils exposent aussi leurs utilisateurs à des risques majeurs. Les récentes fuites de données chez Cocospy et Spyic, révélées en février 2025, ne sont que la pointe de l’iceberg.
Un Historique de Fuites et de Piratages Alarmant
Depuis 2017, pas moins de 23 entreprises de stalkerwares ont été soit piratées, soit victimes de fuites massives de données, selon une enquête de TechCrunch. Ce chiffre donne le vertige. Des acteurs comme Retina-X ou FlexiSpy ont ouvert le bal dès 2017, avec des hackers revendiquant leurs actes pour dénoncer une industrie qu’ils jugent toxique. Depuis, c’est une cascade : mSpy, pcTattletale, Spytech, et récemment Cocospy et Spyic ont vu leurs serveurs éventrés ou leurs bases de données exposées.
Prenons l’exemple de Cocospy et Spyic en 2025 : un chercheur en sécurité a découvert une faille donnant accès à des millions de messages, photos et journaux d’appels. Résultat ? 2,65 millions d’adresses email de clients ont fuité, selon Troy Hunt, expert derrière Have I Been Pwned. En 2024, mSpy a exposé des millions de tickets de support, tandis que pcTattletale a vu son site défiguré par un hacker militant. Ces incidents ne sont pas des anomalies : ils révèlent une négligence chronique dans la sécurité des données.
L’industrie des stalkerwares est une cible facile. Leurs responsables ne semblent pas se soucier de la qualité ou de la sécurité de leurs produits.
– Eva Galperin, Directrice de la cybersécurité à l’EFF
Pourquoi les Stalkerwares Sont un Danger pour les Startups
Pour une startup ou un professionnel du business, la cybersécurité est une priorité absolue. Imaginez un scénario où un employé utilise un stalkerware pour surveiller un collègue ou un concurrent. Si ce logiciel est piraté, des données sensibles – contrats, stratégies marketing, informations clients – pourraient être compromises. Les fuites ne touchent pas seulement les victimes surveillées, mais aussi les utilisateurs eux-mêmes, souvent des entreprises ou des individus peu regardants sur les risques.
En 2023, Spyhide a vu ses bases de données exposées à cause d’une vulnérabilité dans son code, dévoilant des années de données volées à 60 000 victimes. Une startup prise dans un tel scandale pourrait perdre sa crédibilité, ses investisseurs et ses clients en un clin d’œil. Les stalkerwares ne garantissent pas seulement une surveillance illégale : ils ouvrent une porte aux hackers, prêts à exploiter chaque faille.
Les Conséquences Éthiques et Juridiques
Surveiller quelqu’un sans son consentement n’est pas seulement immoral, c’est aussi illégal dans la plupart des juridictions. Aux États-Unis, par exemple, des entreprises comme SpyFone ont été interdites d’opérer par la Federal Trade Commission après des violations répétées. En France, le Code pénal punit l’atteinte à la vie privée, avec des amendes pouvant atteindre 300 000 € et cinq ans de prison. Installer un stalkerware, c’est donc jouer avec le feu, tant sur le plan éthique que légal.
Pour les marketeurs ou communicants digitaux, l’utilisation de tels outils pour espionner une audience ou un concurrent serait désastreuse en termes de réputation. Les consommateurs, de plus en plus sensibles à la vie privée, sanctionnent les marques impliquées dans des pratiques douteuses. Un bad buzz lié à un stalkerware pourrait ruiner des années de travail sur une image de marque.
Une Industrie Qui Ne Meurt Jamais
Sur les 23 entreprises compromises depuis 2017, huit ont fermé leurs portes, comme Retina-X ou pcTattletale. Pourtant, l’industrie reste résiliente. Après chaque piratage, beaucoup se reinventent sous de nouveaux noms : Spyhide est devenu Oospy, avant de fermer à nouveau. Comme le souligne Eva Galperin, ces entreprises repoussent « comme des champignons après la pluie ». Pourquoi ? Parce que la demande persiste, alimentée par des clients peu scrupuleux et des développeurs opportunistes.
Cette résilience est un signal d’alarme pour les professionnels de la technologie. S’appuyer sur des outils aussi peu fiables, c’est compromettre non seulement ses propres données, mais aussi celles de son écosystème – clients, partenaires, employés. Les piratages réguliers montrent que ces entreprises privilégient le profit à la sécurité, un modèle intenable dans un monde où la confiance numérique est cruciale.
Alternatives Éthiques et Sécurisées
Si la surveillance est vraiment nécessaire – par exemple, pour des parents soucieux de leurs enfants –, il existe des solutions bien plus sûres. Les outils intégrés aux systèmes d’exploitation, comme les contrôles parentaux d’Apple ou d’Android, offrent une transparence et une sécurité que les stalkerwares ne peuvent égaler. Pas de serveurs douteux, pas de risques de fuites : tout reste local et consenti.
Pour les entreprises, investir dans des solutions de cybersécurité légitimes – audits, pare-feu, formation – est infiniment plus rentable que de s’aventurer dans l’univers opaque des stalkerwares. Un article de TechCrunch rappelle que même les usages légaux, comme la surveillance des enfants, deviennent problématiques avec des applis aussi peu fiables. Pourquoi risquer un scandale quand des alternatives existent ?
Voici quelques idées pour rester dans la légalité et la sécurité :
- Utiliser les fonctionnalités natives des appareils pour le contrôle parental.
- Former ses équipes à reconnaître les menaces numériques.
- Privilégier des outils open-source ou certifiés pour toute surveillance professionnelle.
Leçons pour les Professionnels du Digital
Les stalkerwares sont un miroir des pires dérives de la technologie : une promesse alléchante qui cache un gouffre de risques. Pour les entrepreneurs, startupers ou experts en communication digitale, ils rappellent une vérité essentielle : la sécurité numérique ne tolère aucun compromis. Chaque fuite – que ce soit les 281 Go de FamilyOrbit ou les millions de records de mSpy – est un avertissement. Dans un secteur où la donnée est reine, s’associer à des outils aussi fragiles est une erreur stratégique.
Et si le déclin des stalkerwares, observé par Malwarebytes en 2023, est réel, il ne doit pas nous endormir. Les stalkers se tournent désormais vers des outils physiques comme les AirTags, preuve que la menace évolue. Rester informé, via des sources fiables comme TechCrunch, est donc crucial pour anticiper les prochains dangers.
Conclusion : Dire Non aux Stalkerwares
Les stalkerwares ne sont pas seulement un problème éthique ou légal : ils sont une catastrophe annoncée pour quiconque valorise ses données. Que vous soyez un marketeur cherchant à protéger sa stratégie, un startuper soucieux de sa réputation ou simplement un individu curieux, une chose est claire : ces applis ne méritent pas votre confiance. Entre piratages, fuites et manque de scrupules, elles incarnent tout ce que la technologie devrait éviter. Alors, la prochaine fois que vous serez tenté par une solution miracle, rappelez-vous : dans le monde numérique, la vigilance est la seule vraie sécurité.