Le 5 juillet dernier, Threads, le réseau social lancé par Meta pour concurrencer Twitter, a soufflé sa première bougie. En un an, il a réussi à attirer plus de 175 millions d’utilisateurs actifs mensuels, une performance remarquable. Pourtant, Threads cherche encore sa voie, entre une approche moins centrée sur l’actualité que Twitter/X, et une ouverture plus mesurée que Mastodon ou Bluesky.
Au cours de cette première année, l’équipe de Threads a déployé de nombreuses fonctionnalités à un rythme soutenu, tout en étant à l’écoute des retours de ses utilisateurs. Parmi les nouveautés notables, on peut citer la gestion de profils multiples, une application web, une interface façon TweetDeck sur ordinateur, des sujets tendances aux États-Unis, ou encore des options pour mettre en sourdine et contrôler les citations.
Intégration au Fediverse : un premier pas crucial
Threads a également fait un pas important vers l’intégration au Fediverse, cet ensemble de serveurs interconnectés. Les utilisateurs peuvent maintenant connecter leur compte au protocole ActivityPub et partager leurs publications avec le Fediverse. Ils peuvent aussi voir les likes et réponses venant d’autres serveurs. Néanmoins, il n’est pas encore possible de suivre directement des personnes d’autres plateformes.
Personnalisation des flux : l’exemple de Bluesky
Sur ce point, Threads pourrait s’inspirer de Bluesky, qui propose des flux personnalisés par sujets, sans se limiter à des hashtags. Threads a bien implémenté un système de tags, mais les utilisateurs emploient souvent des variations pour un même événement (WWDC, WWDC 2024, Apple Event…). Permettre de combiner ces tags ou de créer des listes personnalisées serait un plus.
API ouverte : l’enjeu des applications tierces
En juin, Threads a rendu son API largement disponible pour les développeurs. Mais celle-ci ne permet pas de créer des applications tierces pour consulter le réseau social, contrairement à Bluesky et Mastodon qui ont une approche plus ouverte. Même quand Threads sera pleinement intégrée au Fediverse, on ne sait pas si les utilisateurs pourront choisir un autre client que l’appli officielle. Une clarification serait bienvenue.
Indépendance vis-à-vis d’Instagram : une étape nécessaire
Threads doit aussi une grande partie de sa croissance initiale à son intégration avec Instagram. Si cette stratégie était logique au départ, elle devient sans doute moins indispensable maintenant que Threads a constitué une large base d’utilisateurs. Aujourd’hui, il est toujours impossible de créer un profil Threads sans compte Instagram, ni d’envoyer des messages privés sans passer par l’appli sœur.
Mon espoir est que Threads devienne de plus en plus indépendant avec le temps. […] Nous travaillons sur des choses comme des comptes uniquement Threads et la séparation des données.
– Adam Mosseri, responsable d’Instagram, dans une interview à Platformer
Contenu d’actualité : un équilibre délicat
Threads a fait le choix assumé de ne pas mettre en avant les contenus d’actualité et politiques. Pourtant, ces sujets refont surface régulièrement dans les tendances aux États-Unis. Quand celles-ci seront déployées dans d’autres pays, il faudra trouver un équilibre pour ne pas étouffer complètement l’information.
- Le programme Community Notes de Twitter/X, malgré ses défauts, apporte parfois un contexte utile
- Mastodon a récemment ajouté une fonctionnalité pour afficher les signatures des journalistes liées à leur compte
Algorithme « Pour vous » : place à l’amélioration
Le fil « Pour vous » de Threads semble parfois afficher des publications sans rapport avec les centres d’intérêt de l’utilisateur. De l’aveu même d’Ivan Mehta dans son article sur TechCrunch, « Threads doit vraiment travailler à rendre l’algorithme ‘Pour vous’ plus pertinent lorsqu’il montre des messages aléatoires dans le fil d’actualité. »
Contenu local : miser sur les partenariats
Pour mettre en valeur le contenu local, Threads peut s’appuyer sur les équipes partenaires d’Instagram dans différents pays. L’application a déjà intégré les scores en direct pour la NBA, la MLS et même l’Euro 2024 de football. Mais elle a raté une opportunité avec la Coupe du monde de cricket, alors même que l’Inde est l’un des pays les plus actifs sur Threads.
Malgré ces pistes d’amélioration, la cadence soutenue de déploiement des nouvelles fonctionnalités est encourageante. Si l’on en croit Adam Mosseri, l’objectif ultime de Threads reste de surpasser Twitter/X. Le chemin est encore long, mais la première année est plutôt réussie. Rendez-vous dans un an pour un nouveau bilan !