Imaginez-vous scroller sur TikTok, entre deux vidéos de danse et un tutoriel marketing, quand soudain, l’écran devient noir. Plus rien. L’application disparaît des stores, et avec elle, une plateforme qui a redéfini la communication digitale pour des millions d’utilisateurs et d’entreprises. Ce scénario, bien qu’hypothétique, n’est pas si loin de la réalité aux États-Unis, où l’avenir de TikTok vacille depuis des années. Entre batailles juridiques, pressions politiques et intérêts économiques colossaux, le sort de cette application chinoise devenue un géant mondial attire toutes les attentions. Mais pourquoi tant de remous ? Et surtout, qui sont ces acteurs prêts à mettre des milliards sur la table pour s’en emparer ? Plongez avec nous dans cette saga où technologie, business et géopolitique s’entremêlent.
Pourquoi TikTok est-il dans la tourmente aux USA ?
Depuis quatre ans, TikTok, propriété de l’entreprise chinoise **ByteDance**, est sous le feu des projecteurs aux États-Unis. La raison principale ? Des craintes autour de la sécurité des **données utilisateurs**. Les autorités américaines redoutent que le gouvernement chinois puisse accéder aux informations personnelles des 170 millions d’utilisateurs américains de l’application. Une préoccupation qui n’est pas anodine dans un monde où la data est devenue le nouvel or noir, notamment pour les startups et les experts en marketing digital cherchant à affiner leurs stratégies. Cette méfiance a donné lieu à une série de rebondissements dignes d’un thriller technologique.
Tout commence en août 2020, lorsque Donald Trump, alors président, signe un décret visant à interdire toute transaction avec ByteDance. L’objectif ? Forcer une vente rapide des opérations américaines de TikTok à une entreprise locale. Microsoft, Oracle et Walmart se positionnent alors comme acheteurs potentiels, mais un juge bloque l’initiative, laissant l’application poursuivre ses activités. Fast-forward à 2024 : le Congrès américain adopte une loi écrasante (360 voix contre 58) pour contraindre TikTok à se séparer de ByteDance sous peine d’interdiction pure et simple. Le président Joe Biden entérine cette décision en avril, mais TikTok riposte en justice, arguant une atteinte à la liberté d’expression.
Trump change de cap : un revirement inattendu
Alors que l’histoire semblait suivre un chemin tracé vers une interdiction, un coup de théâtre survient fin 2024. Donald Trump, revenu sur le devant de la scène politique, fait volte-face. Dans un document déposé en décembre, il s’oppose à une interdiction totale et promet de trouver une solution pour garder TikTok aux USA. Ce revirement intrigue : pourquoi cet homme, qui avait autrefois juré la perte de l’application, veut-il désormais la sauver ? Certains y voient une stratégie pour séduire les jeunes électeurs, d’autres une opportunité économique. Résultat : le 20 janvier 2025, Trump signe un décret repoussant l’échéance de 75 jours, offrant un sursis à TikTok pour négocier.
“Grâce aux efforts du président Trump, TikTok est de retour aux États-Unis.”
– Déclaration officielle de TikTok, janvier 2025
Une panne éclair et un retour triomphal
Le 19 janvier 2025 marque un moment clé : TikTok se met hors ligne aux États-Unis pour respecter la loi. Panique chez les utilisateurs, suspense chez les observateurs. Mais moins de 12 heures plus tard, l’application revient, portée par l’intervention de Trump. Ce bref blackout a rappelé à quel point TikTok est ancré dans le quotidien des Américains, mais aussi dans les stratégies des entreprises. Pour les startups, c’est une plateforme incontournable pour toucher une audience jeune et engagée, avec des campagnes virales à faible coût. Cette résilience montre aussi la valeur immense de TikTok : selon CFRA Research, sa branche américaine pourrait valoir **60 milliards de dollars**.
Qui veut mettre la main sur TikTok ?
Avec une telle valorisation et un avenir incertain, TikTok attire les convoitises. Début mars 2025, Trump révèle que quatre groupes négocient pour acheter la plateforme. Voici les principaux acteurs en lice, chacun avec des ambitions distinctes :
The People’s Bid : une vision centrée sur la privacy
Porté par Frank McCourt, ex-propriétaire des Los Angeles Dodgers et fondateur de Project Liberty, ce consortium veut révolutionner TikTok en misant sur la transparence et le contrôle des données. Soutenu par des figures comme Alexis Ohanian (co-fondateur de Reddit) ou Kevin O’Leary (investisseur star), ce projet ambitionne un modèle open source. Une approche qui séduit les défenseurs de la vie privée, comme Tim Berners-Lee, inventeur du web, qui insiste sur l’importance de redonner le pouvoir aux utilisateurs.
American Investor Consortium : l’offre en cash
Jesse Tinsley, PDG d’Employer.com, mène ce groupe avec une proposition alléchante : 30 milliards de dollars en liquide. Parmi les participants, on retrouve David Baszucki (Roblox) et Jimmy Donaldson (MrBeast), des noms bien connus dans la tech et le digital. Leur objectif ? Capitaliser sur la popularité de TikTok pour booster leurs propres écosystèmes.
Les outsiders : Oracle, Microsoft et plus encore
D’autres noms circulent : Oracle, qui avait déjà tenté sa chance en 2020, revient dans la course, tout comme Microsoft. Walmart voit en TikTok un levier pour l’e-commerce, tandis que Bobby Kotick (ex-Activision) et Steven Mnuchin (ancien secrétaire au Trésor) explorent des options. Même Rumble et Perplexity AI se positionnent, cherchant à diversifier leurs activités.
Quels enjeux pour les startups et le marketing digital ?
Pour les entrepreneurs et les marketeurs, TikTok n’est pas qu’une application : c’est un outil stratégique. Sa capacité à générer des tendances en quelques heures en fait une arme redoutable pour les campagnes virales. Mais avec cette incertitude, beaucoup se demandent : faut-il investir dans une plateforme au bord du gouffre ? Ou au contraire, anticiper une renaissance sous pavillon américain ? Voici quelques pistes :
- TikTok reste un vivier pour toucher la Gen Z, avec des formats courts et percutants.
- Un rachat par une entreprise US pourrait renforcer la confiance des annonceurs.
- La privacy, mise en avant par certains acheteurs, pourrait séduire les utilisateurs sceptiques.
Et maintenant ?
À l’heure où nous écrivons, aucun accord n’est finalisé. Les 75 jours de sursis accordés par Trump s’écoulent, et les négociations battent leur plein. TikTok pourrait-il devenir un symbole d’une tech américaine plus souveraine ? Ou sombrera-t-il dans l’oubli, victime des tensions sino-américaines ? Une chose est sûre : cette bataille dépasse le cadre d’une simple application. Elle touche à la géopolitique, à la protection des données et à l’avenir du business digital. Pour les startups, les investisseurs et les marketers, rester à l’affût est essentiel. Et vous, que pensez-vous de ce feuilleton ?