Toka, La Startup Israelienne Qui Veut Aider Les Agences US à Pirater Les IoT

Imaginez un instant que votre caméra de sécurité connectée, censée assurer votre tranquillité, puisse se retourner contre vous. C’est le pari audacieux de la startup israélienne Toka, qui développe des outils permettant aux agences gouvernementales américaines de pirater les objets connectés.

Toka, le nouveau visage du piratage éthique ?

Fondée en 2018, Toka a levé à ce jour 37,5 millions de dollars auprès d’investisseurs prestigieux comme Andreessen Horowitz et Dell Capital. Sa mission : aider les agences militaires, de renseignement et d’application de la loi à accéder aux données des objets connectés, notamment les caméras de sécurité.

Selon un article du journal israélien Haaretz datant de 2022, Toka aurait la capacité non seulement d’obtenir les images filmées par ces caméras, mais aussi de les effacer à distance. Une prouesse technologique qui soulève de nombreuses questions éthiques.

Un marché en pleine expansion

Le piratage des objets connectés est une pratique de plus en plus répandue dans le milieu opaque de la défense et du renseignement. Israël, où Toka a son siège, s’est d’ailleurs forgé une solide réputation dans ce domaine :

Le Hezbollah a mis en garde les habitants du Liban cette année, leur demandant d’éteindre leurs caméras de sécurité pour empêcher Israël de les pirater afin de repérer des cibles.

Mais cette technologie ne se limite pas aux zones de conflit. Aux États-Unis, des agences comme le FBI ou la NSA utilisent couramment le piratage pour leurs enquêtes et opérations de surveillance, que ce soit pour mettre sur écoute un suspect ou analyser des emails à la recherche de complots terroristes.

Toka, un acteur controversé

Si Toka se présente comme une entreprise éthique, ne travaillant qu’avec des pays respectueux des libertés civiles, son modèle économique reste controversé. Certains craignent une dérive vers une surveillance de masse incontrôlée.

La startup cherche d’ailleurs à se démarquer des scandales qui ont éclaboussé d’autres entreprises israéliennes du secteur, comme le célèbre NSO Group, sanctionné par les États-Unis. Mais les garanties affichées par Toka suffisent-elles à lever les doutes ?

Un débat de société crucial

Au-delà du cas de Toka, c’est tout le secteur florissant de la cybersécurité offensive qui interroge. Dans un monde hyperconnecté, où nos appareils en savent toujours plus sur nous, il est crucial de fixer des limites claires à leur exploitation par les États et autres acteurs puissants.

Car si le piratage éthique peut servir des causes louables, comme la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, il peut aussi ouvrir la voie à des dérives liberticides. C’est tout l’enjeu du débat de société qui s’ouvre, alors que des startups comme Toka repoussent sans cesse les limites du technologiquement possible.

  • Toka lève 37,5 millions de dollars pour développer des outils de piratage des objets connectés
  • Le piratage éthique, une pratique de plus en plus courante chez les agences gouvernementales
  • Entre surveillance légitime et dérive liberticide, les limites d’un business model controversé

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