Alors que la demande mondiale en lithium explose, tirée par l’essor des véhicules électriques et des batteries pour les énergies renouvelables, une jeune pousse munichoise se positionne pour y répondre de manière durable. Tozero, spécialisée dans le recyclage des batteries lithium-ion, vient de boucler un tour de financement de 11,7 millions de dollars pour accélérer son déploiement industriel.
Un procédé innovant et écologique
Fondée en 2022, Tozero a mis au point un procédé de recyclage des batteries lithium-ion basé sur la carbonatation aqueuse. Plus écologique que les méthodes pyrométallurgiques classiques, il permet de récupérer le lithium sans recourir à des acides agressifs, tout en générant 70% d’émissions en moins par rapport à l’extraction minière.
L’approche de Tozero se concentre sur la récupération du lithium et du graphite à partir de « masse noire », un sous-produit du broyage mécanique des batteries. Flexible, elle s’adapte à tous types de batteries lithium-ion.
Le lithium sera toujours présent dans les batteries à recycler, mais les autres éléments changent au gré des innovations. Peu importe les proportions de nickel ou de cobalt, notre procédé s’adapte.
– Dr. Ksenija Milicevic Neumann, co-fondatrice et directrice générale
Première livraison et montée en puissance
Tozero a livré son premier lot de lithium recyclé de haute pureté à des clients commerciaux en avril dernier, seulement 9 mois après l’ouverture de son usine pilote en Allemagne. Celle-ci traite actuellement 9 tonnes de déchets de batteries par jour, mais l’objectif est d’atteindre une capacité illimitée d’ici quelques années.
La levée de fonds de 11,7 millions d’euros, sursouscrite, va permettre de financer la construction d’une première usine de taille industrielle. Une étape clé pour passer à l’échelle supérieure, comme l’explique la PDG et co-fondatrice Dr. Sarah Fleischer :
Une fois notre procédé industrialisé, plus rien ne limitera notre capacité de recyclage, tant que nous aurons accès au gisement de déchets. Nous visons d’abord l’Allemagne et l’Europe, puis l’Amérique du Nord, avec des possibilités de croissance exponentielle.
– Dr. Sarah Fleischer, co-fondatrice et PDG
Répondre aux enjeux stratégiques
Avec une demande en lithium qui devrait quadrupler d’ici 2030 pour atteindre 3,1 millions de tonnes, sécuriser l’approvisionnement devient un enjeu de souveraineté économique et de transition énergétique. L’Europe importe actuellement 97% de son lithium de Chine. En parallèle, la directive européenne sur les batteries imposera dès 2031 un taux de récupération du lithium de 80% minimum.
Dans ce contexte, l’approche de Tozero suscite un vif intérêt, avec déjà plus d’un milliard d’euros de commandes en attente. La jeune pousse entend bien capitaliser sur cette demande pour s’imposer comme un acteur majeur de l’économie circulaire des batteries.
Un tour de table international
Le tour de financement a été mené par le fonds nippo-nordique NordicNinja, avec la participation de nouveaux investisseurs tels que In-Q-Tel (fonds stratégique américain), Honda et le géant japonais de l’ingénierie JGC. Les investisseurs historiques comme Atlantic Labs (de Berlin) ont également remis au pot, portant le total levé par Tozero à 17 millions d’euros depuis sa création.
L’approche innovante de Tozero est exactement ce dont l’Europe a besoin pour sécuriser ses approvisionnements clés dans la course mondiale à l’électrification, et le Japon serait ravi de collaborer. Sarah et Ksenija, deux fondatrices exceptionnelles, ont l’expertise et la détermination pour transformer le paysage des solutions de batteries durables.
– Shin Nikkuni, co-fondateur et Managing Partner chez NordicNinja
En bref
Tozero illustre parfaitement les opportunités ouvertes par la transition énergétique et l’économie circulaire pour les startups innovantes. En combinant :
- Un procédé de recyclage des batteries lithium-ion écologique et efficace
- Un positionnement stratégique sur des matières premières critiques
- Une approche agile et créative pour passer rapidement à l’échelle industrielle
La jeune pousse munichoise se donne les moyens de ses ambitions : devenir un leader mondial du recyclage des batteries, pour contribuer à une filière plus durable et résiliente. Un bel exemple de la façon dont l’innovation peut répondre aux grands défis environnementaux et géopolitiques de notre temps.