Et si votre prochain repas était conçu sur mesure par une intelligence artificielle, en fonction de vos données de santé, puis livré directement à votre porte ? Cette idée, qui pourrait sembler tout droit sortie d’un roman de science-fiction, est en train de prendre forme grâce à des visionnaires comme Travis Kalanick. Lors du récent Abundance Summit à Los Angeles, le célèbre entrepreneur, connu pour avoir bouleversé le transport avec Uber, a partagé ses ambitions pour CloudKitchens, sa nouvelle entreprise. Bien plus qu’un simple réseau de cuisines fantômes, il imagine un futur où l’IA redéfinit notre rapport à la nourriture. Dans cet article, plongeons dans cette vision fascinante et explorons comment elle pourrait transformer le paysage de la restauration, du business et de la technologie.
CloudKitchens : au-delà des cuisines fantômes
Fondée il y a huit ans à Los Angeles, CloudKitchens s’est d’abord fait connaître en proposant des espaces clés en main pour des restaurants dédiés à la livraison. En acquérant un vaste portefeuille immobilier, l’entreprise permet à des restaurateurs de préparer des repas sans salle physique, répondant ainsi à l’essor des plateformes comme Uber Eats ou DoorDash. Mais Travis Kalanick voit beaucoup plus loin. Lors de sa conférence, il a laissé entendre que son objectif n’est pas seulement de fournir des infrastructures, mais de réinventer l’expérience culinaire elle-même. Comment ? En intégrant l’intelligence artificielle à chaque étape, de la conception des plats à leur livraison.
Cette ambition repose sur une observation simple mais puissante : les modèles actuels de livraison de repas dépendent de plateformes tierces qui, selon Kalanick, limitent les possibilités d’innovation. Il compare cela aux applications de taxi pré-Uber, qui tentaient de s’insérer dans un marché existant sans le repenser. Pour lui, s’appuyer sur des intermédiaires comme DoorDash revient à optimiser un système qui n’a pas été conçu pour répondre aux besoins réels des restaurateurs ou des clients.
L’IA au service des “atomes” : une révolution physique
L’un des moments forts de l’intervention de Kalanick a été sa distinction entre deux types d’intelligence artificielle : l’IA pour les bits et l’IA pour les atomes. La première, comme celle qui alimente les chatbots tels que ChatGPT ou Grok, manipule des données numériques. La seconde, en revanche, interagit avec le monde physique. Pour Kalanick, c’est dans cette dernière catégorie que réside l’avenir de CloudKitchens. Imaginez des cuisines où des algorithmes optimisent les recettes en temps réel, ajustant les ingrédients en fonction des préférences ou des besoins nutritionnels des clients.
« La cuisine peut devenir un service, comme la conduite l’est devenue avec Uber. »
– Travis Kalanick, Abundance Summit 2025
Cette idée d’une “cuisine en tant que service” pourrait bouleverser nos habitudes. Fini le temps où préparer un repas était une nécessité quotidienne : demain, l’IA pourrait le faire pour nous, avec une précision inégalée. Et Kalanick insiste : ce service ne sera pas réservé à une élite. Il promet des repas sains et accessibles à tous, défiant ainsi les inégalités actuelles dans l’accès à une alimentation de qualité.
Une bataille de titans : Kalanick vs Marc Lore
Travis Kalanick n’est pas seul dans cette course à la réinvention de la restauration. Un autre entrepreneur milliardaire, Marc Lore, poursuit un objectif similaire avec son entreprise Wonder. Ayant débuté comme une version améliorée des ghost kitchens, Wonder a récemment acquis GrubHub et ambitionne de devenir une “super application” pour les repas. Lors d’une interview avec TechCrunch en novembre dernier, Lore a détaillé sa vision : une plateforme capable de gérer votre alimentation en fonction de vos données de santé, collectées via des appareils connectés comme des montres ou des capteurs.
Par exemple, si un test sanguin révèle un taux élevé de mercure, l’IA de Wonder pourrait ajuster votre menu pour limiter les poissons contaminés. Cette approche proactive, qui mêle technologie alimentaire et santé connectée, fait écho aux ambitions de Kalanick. Avec 1,6 milliard de dollars levés chacun, les deux entrepreneurs semblent engagés dans une compétition féroce pour dominer ce marché naissant.
Pourquoi les plateformes actuelles sont-elles un frein ?
Pour comprendre l’ampleur de cette révolution, il faut examiner les limites des systèmes existants. Kalanick a critiqué les plateformes comme Uber Eats, qui, bien qu’efficaces, imposent des commissions élevées et offrent peu de contrôle aux restaurateurs. “Vous optimisez un rendement sur un outil qui n’est pas fait pour vous”, a-t-il expliqué. Cette dépendance fragilise les acteurs de la restauration, qui risquent d’être “écrasés” par des géants technologiques jouant les intermédiaires.
En construisant une solution intégrée de bout en bout, CloudKitchens veut éliminer ces intermédiaires. L’objectif ? Offrir une expérience fluide où l’IA gère tout : de la création des plats à leur livraison, en passant par l’analyse des données clients. Une telle autonomie pourrait redonner du pouvoir aux restaurateurs tout en améliorant l’expérience utilisateur.
Des repas personnalisés : le futur de l’alimentation ?
Imaginez-vous réveillant un matin pour découvrir un petit-déjeuner conçu spécifiquement pour vous. Votre taux de sucre est un peu élevé ? L’IA réduit les glucides. Vous manquez de fer ? Une portion de légumes riches en nutriments est ajoutée. Ce scénario, que Marc Lore décrit comme la “grande vision” de Wonder, pourrait aussi devenir réalité avec CloudKitchens. En combinant données de santé et algorithmes avancés, ces entreprises veulent transformer la nourriture en un outil de bien-être personnalisé.
Cette personnalisation repose sur une collecte massive de données, souvent via des wearables comme les montres connectées. Si cette idée séduit, elle soulève aussi des questions : qui contrôlera ces informations sensibles ? Et comment garantir leur sécurité dans un monde où les cyberattaques sont monnaie courante ?
Les défis d’une telle ambition
Si la vision de Kalanick et Lore est prometteuse, elle n’est pas sans obstacles. D’abord, la mise en place d’une infrastructure capable de produire et livrer des repas optimisés par l’IA à grande échelle demande des investissements colossaux. CloudKitchens et Wonder ont déjà levé des sommes impressionnantes, mais le chemin vers la rentabilité reste incertain. Ensuite, il y a la question de l’acceptation par les consommateurs. Seront-ils prêts à déléguer leur alimentation à une machine ?
- Coût élevé de la R&D pour intégrer l’IA dans les cuisines.
- Résistance potentielle des consommateurs face à une alimentation automatisée.
- Complexité logistique pour livrer des repas personnalisés rapidement.
Une disruption inévitable ?
Ce qui rend cette révolution crédible, c’est le parcours des hommes qui la portent. Travis Kalanick a transformé le transport avec Uber, tandis que Marc Lore a secoué le commerce en ligne avec Jets.com. Leur capacité à identifier des industries mûres pour le changement et à y appliquer des technologies disruptives est indéniable. Si l’idée d’une alimentation entièrement gérée par l’IA semble futuriste, elle pourrait bien devenir une réalité plus vite qu’on ne le pense.
Pour les entrepreneurs et marketeurs, cette évolution offre des opportunités immenses. Imaginez des campagnes ciblées basées sur les préférences alimentaires analysées par l’IA, ou des partenariats entre startups technologiques et géants de l’alimentation. Le croisement entre business, technologie et santé n’a jamais été aussi prometteur.
Conclusion : vers une nouvelle ère culinaire
Travis Kalanick et Marc Lore ne se contentent pas de suivre les tendances : ils les créent. Avec CloudKitchens et Wonder, ils dessinent un avenir où l’IA ne se limite pas à répondre à nos questions, mais nourrit nos corps. Si leurs projets aboutissent, la restauration pourrait connaître une transformation aussi profonde que celle du transport avec Uber. Pour les acteurs du marketing, des startups et de la technologie, une chose est sûre : il est temps de se préparer à ce tsunami d’innovation. Alors, prêt à goûter au futur ?