Un cinéaste indien abandonne les musiciens humains pour l’IA

MondeTech.fr22/09/2024

L’intelligence artificielle continue de faire des vagues dans les industries créatives, comme en témoigne la décision audacieuse du cinéaste indien Ram Gopal Varma d’abandonner complètement les musiciens humains au profit de la musique générée par l’IA. Ce choix radical souligne l’impact grandissant de l’IA sur la création artistique et soulève des questions sur l’avenir des emplois créatifs à l’ère de l’automatisation.

Un pari sur l’avenir de la musique de film

Réalisateur et scénariste reconnu pour des films populaires de Bollywood tels que « Company », « Rangeela », « Sarkar » et « Satya », Ram Gopal Varma a lancé un nouveau projet baptisé RGV Den Music. Sa particularité ? Il n’utilisera que des musiques générées par des applications d’IA comme Suno et Udio. Le cinéaste compte intégrer ces compositions algorithmiques dans tous ses projets à venir, y compris ses longs métrages.

Finalement, la musique vient de vos pensées. Vous devez avoir une idée claire de ce que vous voulez que l’application produise. C’est le goût qui fera la différence.
– Ram Gopal Varma

Varma encourage les artistes à embrasser l’IA plutôt que de la combattre. Selon lui, les facteurs humains ralentissent souvent le processus créatif, rendant la production musicale chronophage et coûteuse. L’IA, en revanche, fournit des résultats instantanément et à « coût zéro ».

Des emplois créatifs menacés ?

Si l’enthousiasme de Ram Gopal Varma pour l’IA musicale est palpable, tous ne partagent pas son optimisme. De nombreux professionnels craignent que la montée en puissance des outils génératifs ne menace les emplois des musiciens, compositeurs, paroliers et chanteurs. Le réalisateur lui-même prédit leur disparition progressive à mesure que les applications d’IA se perfectionneront.

L’Inde est un géant de l’industrie cinématographique, produisant entre 1500 et 2000 films chaque année. Son industrie musicale est tout aussi prolifique avec 20 000 à 25 000 chansons enregistrées annuellement. Dans ce contexte, l’adoption à grande échelle de l’IA générative pourrait avoir un impact socio-économique majeur.

Un potentiel créatif à explorer

Malgré ces inquiétudes légitimes, force est de constater que l’IA ouvre aussi de nouvelles perspectives artistiques. En s’affranchissant de certaines contraintes logistiques et en offrant des possibilités quasi-illimitées, elle pourrait stimuler la créativité des réalisateurs et composers. Ram Gopal Varma se dit d’ailleurs convaincu que de nombreux cinéastes de Bollywood suivront son exemple dans les années à venir.

Pour gérer les droits d’auteur de ses morceaux générés par IA, il collabore avec les startups Reclaim Protocol et Story Protocol qui utilisent des preuves cryptographiques. Un aspect crucial alors que la question de la propriété intellectuelle des œuvres créées par IA fait débat.

Vers une symbiose homme-machine

Au-delà du cinéma, c’est toute l’économie créative qui est bousculée par les progrès fulgurants de l’IA générative. Mais plutôt qu’une substitution, beaucoup d’experts espèrent une complémentarité entre talents humains et puissance algorithmique. Des partenariats fructueux entre artistes et startups d’IA pourraient voir le jour, donnant naissance à de nouveaux modes de création hybrides.

Bien sûr, cette révolution technologique devra s’accompagner d’un cadre éthique et réglementaire adapté pour en maîtriser les effets. C’est tout l’enjeu des débats actuels sur l’IA, qui façonneront son intégration harmonieuse dans nos sociétés et dans nos industries créatives.

L’initiative de Ram Gopal Varma est un cas d’école passionnant qui illustre parfaitement les défis et opportunités liés à l’essor de l’IA générative. Nul doute qu’elle inspirera d’autres expérimentations audacieuses et nourrira la réflexion sur l’avenir du cinéma et de la musique à l’ère de l’intelligence artificielle.