Un SPAC en Crise Veut Racheter iRocket pour 400M$

Imaginez une startup spatiale audacieuse, prête à conquérir les étoiles, mais confrontée à un défi financier colossal. C’est l’histoire d’Innovative Rocket Technologies (iRocket), une entreprise new-yorkaise qui ambitionne de rejoindre les rangs des géants de l’espace via une fusion avec un SPAC (Special Purpose Acquisition Company) en difficulté. Annoncée à 400 millions de dollars, cette opération soulève une question brûlante : comment une entité ayant déjà restitué la quasi-totalité de ses fonds peut-elle financer un tel projet ? Dans cet article, nous plongeons dans les méandres de cette transaction, les défis de l’industrie spatiale et les implications pour les investisseurs et entrepreneurs. Préparez-vous à explorer un univers où l’innovation technologique rencontre les réalités financières.

Un SPAC en Perte de Vitesse

Les SPAC, ces sociétés cotées en bourse conçues pour acquérir des entreprises privées et les rendre publiques, ont connu un essor fulgurant entre 2020 et 2021. Pourtant, TechCrunch rapporte que BPGC Acquisition Corp., anciennement Ross Acquisition Corp II, traverse une période trouble. Fondée par l’ancien secrétaire au Commerce américain Wilbur Ross, cette entité avait levé 345 millions de dollars lors de son introduction en bourse en mars 2021. Mais en septembre 2024, après avoir échoué à conclure une acquisition dans les délais impartis, elle a restitué la majeure partie de ses fonds aux actionnaires, ne conservant que 30,5 millions de dollars. Quelques semaines plus tard, une nouvelle vague de rachats a réduit ce montant à un maigre 1,6 million de dollars, soit à peine 0,5 % du capital initial.

Cette situation soulève une interrogation majeure : comment un SPAC aussi vidé de ses liquidités peut-il financer une acquisition de 400 millions de dollars ? La réponse réside dans une stratégie financière bien connue : le PIPE (Private Investment in Public Equity). Ce mécanisme permet de lever des fonds auprès d’investisseurs privés pour combler le déficit. Mais convaincre des investisseurs de financer une startup spatiale sans vols d’essai probants est un pari risqué, surtout dans un secteur aussi compétitif.

« Les SPAC sont des outils puissants pour accélérer l’accès au marché public, mais leur succès dépend de la confiance des investisseurs et de la solidité de la cible. »

– Analyste financier, secteur technologique

iRocket : Une Étoile Montante ou un Mirage ?

Fondée en 2018, iRocket s’est fait un nom dans l’écosystème des startups grâce au soutien de Village Global, un fonds de capital-risque appuyé par des figures comme Bill Gates, Eric Schmidt et Reid Hoffman. La startup ambitionne de révolutionner le marché des lancements spatiaux avec son véhicule Shockwave, une fusée réutilisable conçue pour des lancements rapides et des charges utiles de 300 à 1 500 kg. Pourtant, malgré ces promesses, iRocket n’a pas encore effectué un seul vol d’essai, un retard qui contraste avec les avancées de concurrents comme Stoke Space ou Firefly Aerospace.

Le marché des lancements spatiaux est devenu ultra-concurrentiel. Des acteurs établis comme Rocket Lab avec son lanceur Electron ou Firefly avec son Alpha dominent déjà le segment des petites charges utiles. iRocket mise sur des atouts distinctifs : une réutilisabilité totale, une remise en état rapide et une réactivité en 24 heures. Ces objectifs, s’ils sont atteints, pourraient bouleverser le marché. Mais pour l’instant, ils restent théoriques, ce qui rend l’entreprise vulnérable aux doutes des investisseurs.

Les Contrats Gouvernementaux : Un Soutien de Poids ?

Malgré son absence de vols d’essai, iRocket a su attirer l’attention du gouvernement américain. La startup a sécurisé deux contrats significatifs :

  • Un accord de 18 millions de dollars avec l’Air Force Research Laboratory sous forme de CRADA (Cooperative Research and Development Agreement), offrant un accès à des installations et une expertise technique.
  • Un contrat de 1,8 million de dollars avec la Space Force via le programme AFWERX, axé sur le développement de moteurs à propulsion methalox (oxygène liquide et méthane).

Ces partenariats témoignent d’un certain crédit accordé à iRocket par des institutions de premier plan. Cependant, comme le souligne TechCrunch, ces contrats ne fournissent pas de liquidités substantielles, mais plutôt des ressources techniques. Dans une industrie où les coûts de développement se chiffrent en centaines de millions, ces financements restent modestes.

Les Défis d’une Industrie Capital-Intensive

L’industrie spatiale est notoirement exigeante en capitaux. Le développement d’une fusée, même de petite taille, nécessite des investissements massifs pour la R&D, les tests et la production. À titre de comparaison, Rocket Lab, l’un des rares succès issus d’une fusion SPAC dans le secteur spatial, a bénéficié de financements conséquents et d’une exécution rigoureuse pour atteindre une valorisation doublée depuis son introduction en bourse en 2021. iRocket, avec seulement quelques millions levés selon PitchBook, semble sous-capitalisée pour rivaliser.

De plus, la startup ne compte qu’un effectif réduit, avec seulement quatre employés recensés sur LinkedIn, hors membres du conseil d’administration. Cette structure légère peut être un atout pour l’agilité, mais elle soulève des questions sur la capacité d’iRocket à gérer un projet d’une telle envergure. Le premier vol orbital de Shockwave est prévu pour 2027, un calendrier ambitieux qui exigera des ressources humaines et financières considérables.

« Dans le spatial, l’exécution est tout. Les promesses ne suffisent pas face à la concurrence et aux attentes des investisseurs. »

– Expert en industrie spatiale

Le Rôle Crucial du PIPE

Face à un SPAC aux caisses presque vides, iRocket et BPGC Acquisition Corp. devront compter sur un PIPE pour rendre cette fusion viable. Un PIPE consiste à vendre des actions à des investisseurs institutionnels à un prix réduit, souvent pour combler un manque de liquidités dans une transaction SPAC. Mais attirer des investisseurs dans une startup sans historique de vols et avec une concurrence féroce sera un défi de taille.

Les investisseurs potentiels examineront plusieurs critères clés :

  • Technologie différenciatrice : La capacité d’iRocket à démontrer la viabilité de Shockwave et de ses moteurs methalox.
  • Contrats futurs : La possibilité de décrocher de nouveaux accords avec des clients gouvernementaux ou commerciaux.
  • Équipe dirigeante : La crédibilité d’une équipe réduite face à des projets complexes.

Sans un PIPE substantiel, cette fusion risque de n’être qu’une opération sur papier, incapable de fournir à iRocket les fonds nécessaires pour rivaliser avec des acteurs mieux établis.

Un Marché Spatial en Pleine Ébullition

Le secteur spatial connaît une croissance exponentielle. Selon un rapport de McKinsey cité par TechCrunch, l’économie spatiale pourrait atteindre 1,8 trillion de dollars d’ici 2035. Cette perspective attire les investisseurs, mais elle intensifie aussi la concurrence. Des entreprises comme SpaceX, valorisée à 400 milliards de dollars en 2025, ou Rocket Lab, qui a prouvé sa résilience, dominent le marché. Pour iRocket, se démarquer nécessitera une exécution impeccable et une stratégie claire.

Wilbur Ross, figure influente de BPGC, a déclaré :

« iRocket combine un talent d’ingénierie éprouvé, des systèmes de lancement réutilisables et une capacité de propulsion unique, positionnant l’entreprise pour capturer une part significative du marché mondial. »

– Wilbur Ross, ancien secrétaire au Commerce des États-Unis

Cette vision optimiste devra toutefois se confronter à la réalité d’un secteur où les échecs sont coûteux et les succès rares.

Le Passé Tumultueux de BPGC

Le parcours de BPGC Acquisition Corp. n’inspire pas immédiatement confiance. Sous son ancien nom, Ross Acquisition Corp II, le SPAC a tenté sans succès de rendre publique la biotech Aprinoia Therapeutics en 2023, avant d’abandonner l’opération huit mois plus tard. Cette déconvenue a conduit la Bourse de New York à engager une procédure de radiation en mars 2024. Bien que le SPAC ait obtenu un délai jusqu’en mars 2026 pour conclure une acquisition, son historique pourrait décourager les investisseurs.

Pour iRocket, s’associer à un SPAC au passé aussi instable est un pari audacieux. La réussite de cette fusion dépendra de la capacité des deux parties à restaurer la confiance et à mobiliser des capitaux supplémentaires.

Perspectives pour les Entrepreneurs et Investisseurs

Pour les entrepreneurs et les investisseurs dans les secteurs du marketing, de la technologie et de l’investissement, l’histoire d’iRocket et BPGC offre plusieurs leçons :

  • La crédibilité est essentielle : Une startup doit démontrer des jalons concrets pour convaincre les investisseurs, surtout dans un secteur à haut risque.
  • Les SPAC ne sont pas une solution miracle : Bien qu’ils offrent un accès rapide aux marchés publics, leur succès dépend de la solidité financière et de la stratégie.
  • La concurrence dicte le rythme : Dans des industries en rapide évolution, comme le spatial, il faut agir vite et avec précision.

Pour iRocket, l’avenir repose sur sa capacité à transformer ses promesses en résultats tangibles. Pour les investisseurs, cette opération est un rappel que les opportunités dans le spatial, bien que séduisantes, exigent une analyse rigoureuse.

Conclusion : Un Pari Cosmique

L’annonce de la fusion entre iRocket et BPGC Acquisition Corp. illustre les ambitions démesurées et les défis inhérents à l’industrie spatiale. Avec un SPAC à court de liquidités et une startup encore loin de ses premiers vols, cette opération ressemble à un pari audacieux dans un univers impitoyable. Pourtant, dans un secteur où l’innovation peut redéfinir les règles du jeu, iRocket pourrait surprendre si elle parvient à lever les fonds nécessaires et à tenir ses promesses. Pour les entrepreneurs et investisseurs, cette saga est un rappel : dans l’espace comme dans les affaires, la vision doit s’accompagner d’une exécution sans faille.

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