En l’espace de quelques mois, Bluesky est devenu le nouveau chouchou des réseaux sociaux. Cette plateforme décentralisée, lancée par Jack Dorsey, le co-fondateur de Twitter, séduit de plus en plus d’internautes en quête d’une alternative à Twitter, rebaptisé X. Mais qu’est-ce qui fait le succès de Bluesky et en quoi se différencie-t-il de son rival ? Plongeons dans les coulisses de ce réseau social prometteur.
Une croissance fulgurante
Depuis son ouverture au public en février 2024, Bluesky a connu une ascension météorique. En seulement un jour, il a attiré près de 800 000 nouveaux utilisateurs. En novembre 2024, il compte déjà plus de 16 millions de membres. Cette croissance spectaculaire s’explique par plusieurs facteurs :
- Les changements controversés apportés par Elon Musk sur Twitter/X, comme la modification de la fonctionnalité de blocage
- L’autorisation donnée à des entreprises tierces d’exploiter les publications des utilisateurs pour entraîner leurs IA
- L’exode des fans de Taylor Swift suite aux résultats de l’élection présidentielle américaine de 2024
Bien que Bluesky ait encore du chemin à faire pour rattraper les 275 millions d’utilisateurs actifs mensuels de Threads (l’application de Meta), sa progression est plus que prometteuse.
Un réseau social décentralisé et open source
La grande force de Bluesky réside dans son architecture décentralisée. Contrairement à Twitter qui est un réseau centralisé, Bluesky utilise le protocole AT, un framework open source développé en interne. Cela apporte plusieurs avantages :
- Une transparence sur le fonctionnement et les développements de la plateforme
- La possibilité pour les utilisateurs de migrer facilement vers d’autres applications compatibles avec le protocole AT, tout en conservant leurs abonnés et leurs données
- Une modération des contenus gérée au niveau de chaque communauté
Vous aurez toujours la liberté de choisir (et de partir) au lieu d’être soumis aux caprices des entreprises privées ou des algorithmes opaques. Et où que vous alliez, vos amis et vos relations seront là aussi.
– Extrait du blog de Bluesky
Une expérience utilisateur similaire à Twitter, avec des fonctionnalités supplémentaires
Au premier abord, Bluesky ressemble beaucoup à Twitter. On y retrouve les mêmes fonctionnalités de base : publier des posts (jusqu’à 256 caractères), ajouter des photos, répondre, retweeter, aimer, etc. Mais la plateforme se démarque par plusieurs aspects :
- Des flux personnalisés (custom feeds) permettant de s’abonner à différents algorithmes
- Un starter pack pour aider les nouveaux utilisateurs à trouver du contenu intéressant
- Des domaines personnalisés pour avoir un nom d’utilisateur unique
- Un système de messages privés, pour l’instant limité aux échanges individuels
Bluesky est disponible sur iOS, Android et en version web. L’application mise sur une interface épurée et intuitive pour séduire le plus grand nombre.
Un modèle économique tourné vers les services payants
Pour se financer, Bluesky mise sur les services payants plutôt que sur la publicité. L’objectif est de trouver un moyen pérenne de faire fonctionner le réseau, sans avoir à vendre les données des utilisateurs aux annonceurs. Parmi les pistes envisagées :
- Un service d’attribution de domaines personnalisés payants
- Un abonnement premium donnant accès à des fonctionnalités avancées (vidéos de meilleure qualité, personnalisation du profil, etc)
Bluesky promet cependant de ne pas tomber dans un modèle « pay to win » comme celui de Twitter/X, qui avantage les utilisateurs payants.
La sécurité et la modération, grands défis de Bluesky
Comme tout réseau social, Bluesky doit faire face aux problèmes de désinformation, de harcèlement et de contenus toxiques. Pour y remédier, la plateforme mise sur plusieurs leviers :
- La vérification de l’email pour sécuriser les comptes
- Un système d’alerte sur les liens trompeurs
- Des outils de modération automatisés pour détecter les contenus problématiques
- Des listes de modération pour bloquer ou masquer plusieurs utilisateurs d’un coup
Bluesky planche aussi sur un outil baptisé Ozone, qui permettra aux utilisateurs de créer leurs propres services de modération indépendants. L’objectif est de leur donner un contrôle sans précédent sur leur expérience.
Malgré ces garde-fous, la plateforme a déjà été pointée du doigt pour son laxisme envers certains contenus problématiques. Des efforts restent à faire pour créer un environnement sain et inclusif.
Conclusion
Avec son approche décentralisée et sa volonté de redonner le contrôle aux utilisateurs, Bluesky bouscule le paysage des réseaux sociaux. Bien qu’encore jeune, la plateforme semble avoir trouvé la recette pour s’imposer face aux géants du secteur. Reste à voir si elle parviendra à tenir ses promesses sur le long terme, en relevant les défis de la modération et de la monétisation. Une chose est sûre : Bluesky sera l’une des applications à surveiller de près dans les années à venir.
