Une faille de sécurité majeure vient de dévoiler l’ampleur des activités d’un fabricant américain de logiciels espions jusqu’ici méconnu. Spytech, basé dans le Minnesota, se retrouve au cœur d’un scandale après qu’un piratage a exposé son implication dans la surveillance secrète de milliers d’appareils à travers le monde, de smartphones Android aux ordinateurs Windows en passant par les Chromebooks.
10 000 appareils espionnés depuis 2013
Les données piratées, vérifiées par le média spécialisé TechCrunch, révèlent l’ampleur sidérante de ce réseau de surveillance clandestin. Depuis 2013, les spywares de Spytech comme Realtime-Spy et SpyAgent ont infiltré plus de 10 000 appareils, enregistrant les frappes au clavier, l’historique de navigation, l’utilisation des applications et même les données de géolocalisation précises des téléphones Android infectés.
Les journaux d’activité des appareils compromis par Spytech n’étaient même pas chiffrés dans les données piratées.
– TechCrunch
Une cartographie mondiale des victimes
En analysant les données de géolocalisation, TechCrunch a pu dresser une cartographie partielle des victimes de Spytech à l’échelle mondiale. Si l’Europe et les États-Unis concentrent le plus grand nombre d’appareils surveillés, aucun continent n’est épargné avec des concentrations locales en Afrique, en Asie, en Australie et au Moyen-Orient.
Quand les parents et conjoints se transforment en espions
Officiellement, les logiciels de Spytech sont destinés à un usage licite comme le contrôle parental ou la surveillance des employés. Mais en réalité, le site web de l’entreprise fait ouvertement la promotion de l’espionnage des conjoints, promettant de « garder un œil sur le comportement suspect de votre partenaire ». Un usage totalement illégal qui transforme ces spywares en véritables « stalkerware », des outils de harcèlement numérique et de violence conjugale.
- Installés à l’insu de la victime, ces logiciels espions sont quasi-indétectables
- Ils enregistrent toutes les actions sur l’appareil et les transmettent à un tableau de bord distant
- Surveiller un appareil sans le consentement de son propriétaire est un délit
L’inaction coupable des autorités
Malgré un précédent retentissant en 2009, lorsqu’un homme de l’Ohio avait été condamné pour avoir utilisé un spyware de Spytech pour cibler l’hôpital pédiatrique où travaillait son ex-compagne, l’entreprise a continué de prospérer en toute impunité. Contacté par TechCrunch, le PDG Nathan Polencheck a déclaré ne pas être au courant du piratage et mener une enquête interne. Le bureau du procureur général du Minnesota n’a quant à lui pas donné suite.
Spytech, dernier d’une longue série de scandales
Malheureusement, la fuite de données chez Spytech n’est que la dernière d’une longue série de scandales impliquant des fabricants de spywares. Rien qu’en 2023, trois autres entreprises comme pcTattletale ont subi des piratages massifs exposant les données de dizaines de milliers de victimes. Un phénomène alarmant qui en dit long sur l’impact dévastateur de ces logiciels malveillants sur notre vie privée et notre sécurité numérique.
Utiliser un stalkerware est non seulement glauque et contraire à l’éthique, mais aussi potentiellement illégal et dangereux pour vos données personnelles.
– Coalition Against Stalkerware
Comment se prémunir contre les logiciels espions ?
Face à la multiplication des menaces, il est crucial de renforcer notre vigilance et notre sécurité :
- Verrouillez systématiquement vos appareils avec un code d’accès robuste
- Installez un antivirus et une solution anti-spyware reconnue sur tous vos appareils
- Mettez régulièrement à jour vos systèmes et applications
- Évitez d’installer des applis provenant de sources non-officielles
- Si vous soupçonnez la présence d’un spyware, faites analyser votre appareil par un professionnel
En cas de suspicion de stalkerware lié à une situation de violence domestique, n’hésitez pas à contacter une association d’aide aux victimes qui saura vous conseiller et vous orienter. Des ressources existent, ne restez pas isolé(e) face à ce fléau !