Le constructeur américain de véhicules électriques Rivian traverse une période financière difficile malgré les promesses d’un partenariat stratégique avec le géant allemand Volkswagen. Au deuxième trimestre 2024, la jeune pousse affiche une perte de 1,46 milliard de dollars, en hausse par rapport au trimestre précédent et à l’année dernière. Une situation délicate qui souligne l’importance du soutien de 5 milliards de dollars que Rivian pourrait obtenir de Volkswagen.
Un renouvellement coûteux de la gamme
Pour expliquer ces pertes accrues, Rivian invoque la transition vers les versions remaniées de ses pickups et SUV R1, conçues pour être plus simples et moins chères à produire. Le CEO RJ Scaringe espère ainsi atteindre une marge brute positive d’ici fin 2024. Mais en attendant, les résultats pâtissent de la fin de production des modèles de première génération.
Rivian mise désormais beaucoup sur son deuxième modèle, le SUV compact R2 prévu pour 2026, pour asseoir durablement sa position et sa rentabilité. D’ici là, l’entreprise devra naviguer prudemment pour préserver sa trésorerie.
Un deal en or avec Volkswagen
C’est dans ce contexte que l’accord avec Volkswagen prend tout son sens. En plus du premier milliard de dollars déjà versé, le constructeur allemand s’apprête à injecter 4 milliards supplémentaires, sous réserve de finalisation de l’accord au quatrième trimestre. En échange, Rivian apportera son expertise logicielle et son architecture électrique évoluée.
Nos ingénieurs travaillent en étroite collaboration avec le groupe Volkswagen. Nous avançons très bien dans la compréhension de la façon dont notre technologie va s’adapter à l’ensemble du portefeuille de Volkswagen.
Wassym Bensaid, Directeur Logiciel de Rivian
Des propos illustrés par l’existence d’un véhicule de démonstration intégrant composants et logiciels Rivian, une preuve tangible de la compatibilité des technologies. De quoi rassurer sur la solidité du partenariat et son potentiel commercial.
Diversifier les revenus pour passer le cap
Pour soulager ses finances d’ici la concrétisation du deal Volkswagen, Rivian explore d’autres pistes. La vente de crédits réglementaires à d’autres constructeurs a rapporté 17 millions de dollars sur le trimestre. Un levier prometteur selon RJ Scaringe, qui y voit une opportunité liée au retard pris par certains acteurs majeurs dans l’électrification.
Rivian mise aussi sur son réseau de bornes de recharge pour générer du chiffre d’affaires additionnel. À partir de cette année, il sera ouvert aux véhicules d’autres marques, élargissant la base de clients potentiels.
Analyse : un pari risqué mais nécessaire
En jouant la carte de la montée en gamme technologique avec Volkswagen, Rivian fait un pari audacieux mais sans doute incontournable pour exister face aux mastodontes du secteur. Sa survie dépendra de sa capacité à convaincre de la supériorité de ses solutions, sans trop se dévoiler.
Dans l’immédiat, la jeune pousse doit absolument maîtriser ses coûts et trouver de nouveaux relais de croissance pour tenir jusqu’à l’arrivée promise des dollars allemands et du SUV R2. Un chemin semé d’embûches qui testera le réalisme de sa stratégie.
Une chose est sûre : dans la bataille féroce que se livrent les constructeurs dans l’électrique, Rivian joue gros avec ce partenariat. Mais renoncer serait sans doute signer son arrêt de mort. Rendez-vous dans les prochains mois pour voir si le pari sera gagnant.