La technologie des deepfakes, ou hypertrucages, bouleverse profondément le paysage politique. Ces vidéos et audios ultra-réalistes générés par intelligence artificielle, où les paroles et actions de personnalités sont falsifiées à leur insu, ouvrent la porte à une désinformation et une manipulation des masses sans précédent. Face à des enjeux aussi cruciaux que la confiance des citoyens dans les institutions ou la sécurité nationale, quelles solutions technologiques peuvent être déployées pour détecter et endiguer ce phénomène ?
L’impact politique alarmant des deepfakes
Les cas les plus retentissants de deepfakes ciblent principalement des personnalités politiques influentes comme des chefs d’État, hauts fonctionnaires ou responsables de partis. En faisant dire ou faire à ces figures d’autorité des choses qu’elles n’ont jamais dites ou faites, les deepfakes deviennent des armes redoutables de désinformation. Ils peuvent ainsi :
- Manipuler l’opinion publique et fausser les débats démocratiques
- Saper la confiance des citoyens envers les institutions et les élus
- Menacer la sécurité nationale en provoquant des tensions diplomatiques
- Attiser les clivages et la haine entre communautés
Les deepfakes ne sont pas qu’un canular potache. C’est une pandémie numérique aux conséquences politiques et sociétales désastreuses.
Nina Schick, auteure de « Deepfakes : The Coming Infocalypse »
Malgré les progrès en matière de solutions de confidentialité et de sécurité des données, les États peinent encore à anticiper et prévenir efficacement l’impact politique des deepfakes. De nouvelles approches technologiques doivent émerger pour relever ce défi.
Solutions de détection des deepfakes : un premier rempart
Face à cette menace, des outils technologiques permettant de détecter les vidéos générées ou manipulées par IA se sont multipliés ces dernières années. S’appuyant sur l’analyse poussée des données audiovisuelles, des algorithmes et des anomalies, ils sont aujourd’hui capables d’identifier avec une bonne précision si une vidéo est un deepfake.
Cependant, cette approche a posteriori montre ses limites. D’une part, elle n’empêche pas la création et la propagation initiale des deepfakes. D’autre part, certaines techniques comme l’échange de voix lui échappent encore. Pourtant, en politique, la manipulation des propos peut s’avérer aussi néfaste que celle de l’image.
Innovations technologiques : vers une prévention en amont
Pour réellement endiguer la déferlante des deepfakes en politique, des solutions plus proactives émergent. Parmi les innovations prometteuses :
- Le watermarking numérique qui intègre des filigranes invisibles dans les vidéos pour certifier leur authenticité
- Les technologies blockchain pour tracer et garantir l’origine des vidéos dès leur production
- Des standards et protocoles pour sécuriser la chaîne de création et de diffusion des contenus audiovisuels
Il est crucial d’adopter une approche holistique contre les deepfakes, en combinant détection et prévention. L’enjeu est de rétablir la confiance dans l’information.
Hany Farid, professeur à l’UC Berkeley et expert en analyse forensique des images
Le combat contre les deepfakes en politique est crucial pour préserver l’intégrité du débat public et la stabilité de nos démocraties. Au delà des solutions technologiques, il nécessite une prise de conscience collective et une coopération entre citoyens, médias, plateformes et gouvernements. Chacun a un rôle à jouer pour enrayer cette nouvelle forme de manipulation de masse et construire un écosystème numérique plus sain et transparent.
