Imaginez un monde où la production d’acier, l’un des matériaux les plus essentiels de notre civilisation, ne contribuerait plus au réchauffement climatique. C’est la promesse audacieuse d’Electra, une startup qui vient de lever 257 millions de dollars pour révolutionner l’industrie sidérurgique grâce à une technologie propre et économique : l’électroextraction du fer.
L’acier, un matériau vital mais polluant
L’acier est omniprésent dans nos vies, des gratte-ciels aux voitures en passant par les appareils ménagers. Mais sa production a un coût environnemental élevé. Les hauts fourneaux traditionnels, qui font fondre le minerai de fer à des températures extrêmes en brûlant des combustibles fossiles, sont responsables de 7% des émissions mondiales de CO2. Face à l’urgence climatique, l’industrie doit se réinventer.
Electra, pionnière de l’électroextraction du fer
C’est là qu’intervient Electra. Cette jeune pousse a mis au point un procédé novateur basé sur l’électroextraction, déjà utilisée pour produire d’autres métaux comme le cuivre et le nickel. Le principe est simple : un courant électrique est envoyé dans une solution liquide contenant du minerai de fer, attirant le métal pur sur une électrode tandis que les impuretés coulent au fond.
Mais adapter cette technique au fer était un défi, car elle nécessite habituellement des minerais de haute qualité, rendant le produit final trop cher pour concurrencer les hauts fourneaux. Electra affirme avoir surmonté cet obstacle grâce à un procédé à base d’acide pouvant traiter des minerais de basse qualité. La solution est chauffée à 60°C seulement, bien en dessous du point d’ébullition de l’eau, avant d’être soumise au courant.
Un acier vert et compétitif
Les plaques de fer obtenues sont la matière première idéale pour les fours à arc électrique, eux-mêmes alimentés par des énergies renouvelables. En combinant électroextraction et four électrique, on peut éliminer la grande majorité des émissions de carbone liées à la production d’acier, tout en restant compétitif en termes de coûts.
Cette technologie a le potentiel de décarboner massivement un secteur qui peine à se réinventer, en proposant une alternative réaliste et économique aux hauts fourneaux.
Arnaud Leroy, expert en métallurgie durable
Une startup qui attire les investisseurs
Le potentiel d’Electra n’a pas échappé aux investisseurs. La startup avait déjà levé 85 millions de dollars en 2022 auprès de grands noms comme Amazon, Breakthrough Energy Ventures, BHP Ventures et Nucor. Cette nouvelle levée de fonds de 257 millions témoigne de la confiance du marché dans cette technologie de rupture.
Cet afflux de capitaux va permettre à Electra de passer à l’échelle industrielle et de démontrer la viabilité de son procédé à grande échelle. Si elle tient ses promesses, la jeune pousse pourrait bien sonner le glas des hauts fourneaux et ouvrir la voie à un acier décarboné, un jalon crucial vers une économie bas carbone.
Un vent d’optimisme pour la planète
Au-delà du secteur sidérurgique, le succès d’Electra enverrait un signal fort : les technologies propres ne sont pas qu’un vœu pieux, mais des solutions concrètes et bankables pour relever le défi climatique. De quoi donner de l’espoir alors que le temps presse pour limiter le réchauffement, et inspirer d’autres entrepreneurs à innover pour une industrie plus durable.
La révolution de l’acier vert ne fait que commencer, mais elle promet déjà de changer la donne. Avec des pionniers comme Electra, l’industrie lourde, longtemps considérée comme un cas désespéré pour le climat, pourrait devenir un moteur de la transition bas carbone. Une lueur d’espoir à l’heure où l’humanité joue son avenir.