En cette semaine précédant Thanksgiving, l’actualité des startups a été particulièrement riche en annonces de financements. Et ce n’est pas un hasard si l’argent coule à flots vers les technologies qui s’attaquent aux grands enjeux de notre époque, de la santé à la défense en passant par la cybersécurité et l’intelligence artificielle.
Des méga-levées de fonds pour les pépites tech
Parmi les opérations les plus marquantes, on retiendra la méga-levée de 350 millions de dollars réalisée par la start-up indienne de livraison ultra-rapide Zepto. Un tour de table XXL bouclé seulement 6 mois après sa précédente levée, en amont d’une introduction en bourse prévue dès l’an prochain. Preuve que les investisseurs misent gros sur ce secteur du quick commerce en plein boom.
Autre licorne en vue avec Lighthouse, une plateforme d’analyse de données pour l’industrie hôtelière qui a levé 370 millions de dollars auprès de KKR pour atteindre une valorisation d’un milliard. De quoi accélérer son déploiement à l’international.
La santé et la « deep tech » ont la cote
Plus modestes mais tout aussi significatifs, plusieurs tours de table ont été bouclés par des pépites de la santé et des technologies de rupture. La start-up finlandaise Oura, créatrice d’une bague connectée qui analyse le sommeil et d’autres paramètres de santé, a ainsi levé 75 millions de dollars auprès du géant des dispositifs médicaux Dexcom pour atteindre les 5 milliards de valorisation.
De son côté, OneCell Diagnostics, qui utilise l’IA pour limiter les récidives de cancer, a réuni 16 millions lors d’un tour de série A sursouscrit. De quoi financer son expansion aux États-Unis et accélérer sa croissance en Inde.
Les innovations de rupture ont aussi séduit les investisseurs cette semaine. La start-up britannique Tokamak Energy a ainsi levé 125 millions de dollars pour poursuivre le développement de son réacteur à fusion nucléaire en forme d’œuf. Quant à la pépite portugaise de drones à double usage Tekever, elle a récolté 74 millions d’euros pour s’implanter aux États-Unis, notamment auprès du fonds d’innovation de l’OTAN.
L’IA et la cybersécurité en pole position
Sans surprise, l’intelligence artificielle continue d’attirer les investisseurs. La start-up Lightning AI, qui adapte PyTorch aux besoins des entreprises, a bouclé un tour de 50 millions de dollars mené par Cisco, JP Morgan et Nvidia pour étendre sa plateforme à de nouveaux marchés.
Enfin, la cybersécurité n’est pas en reste, comme l’illustre l’acquisition de Dazz, spécialiste de la gestion des risques, par le poids lourd Wiz pour 450 millions de dollars. Un montant record qui reflète l’importance cruciale de ce secteur à l’heure où les cybermenaces se multiplient.
Les fonds misent sur les technologies d’avenir
Du côté des fonds, on note la clôture d’un troisième véhicule de 160 millions par Blue Bear Capital pour soutenir les startups de l’IA appliquée au climat, à l’énergie et à l’industrie. Son homologue Bling Capital a quant à lui sécurisé 270 millions de dollars, dont la moitié sera consacrée aux réinvestissements.
Une tendance se confirme : les technologies de rupture ont le vent en poupe auprès des investisseurs. Selon Crunchbase, les start-up de la défense ont levé près de 3 milliards de dollars depuis janvier 2024, dépassant déjà le record de 2,6 milliards atteint en 2022. Et ce en seulement 85 opérations, contre 113 il y a deux ans.
La hausse des budgets de défense, le retour des conflits de haute intensité et l’essor des technologies duales civiles-militaires comme les drones ou l’IA expliquent cet engouement des investisseurs pour un secteur longtemps boudé.
Guillaume Ledit, analyste chez Armada Ventures
Une semaine riche en enseignements
Que retenir de cette semaine faste pour le financement des startups innovantes ? D’abord, que les investisseurs sont prêts à mettre le paquet sur les technologies d’avenir qui s’attaquent à des enjeux majeurs comme la santé, le climat, la sécurité ou la défense. Ensuite, que le « deep tech » sort peu à peu de sa niche pour intéresser un large panel de fonds, des plus généralistes aux plus spécialisés.
Malgré un contexte économique incertain, les start-up technologiques qui apportent de vraies solutions à des problèmes concrets ne devraient donc pas manquer de financements dans les mois à venir. À condition bien sûr d’avoir un solide « proof of concept » et une feuille de route claire.
Car si l’argent coule à flots, les investisseurs n’en restent pas moins sélectifs et exigeants sur la solidité des projets. Le dépôt de bilan aux États-Unis de la licorne suédoise des batteries Northvolt est là pour rappeler que même les stars de la « tech for good » ne sont pas à l’abri d’un retournement de situation. Seules les startups qui sauront allier vision long terme et exécution court terme tireront leur épingle du jeu.
En attendant de voir quelles pépites émergeront dans les prochains mois, voici en résumé les principales tendances qui se dégagent en matière de financement des startups technologiques :
- La santé, le « deep tech », l’IA et la cybersécurité attirent les plus gros tickets
- Les technologies duales civiles-militaires ont le vent en poupe
- Les fonds se spécialisent sur des verticales porteuses comme le climat ou l’énergie
- Les startups doivent prouver leur capacité à délivrer des solutions concrètes