Alors que la classe aisée indienne ne cesse de croître, les investisseurs se tournent de plus en plus vers les startups wealthtech du pays. Ces jeunes pousses ambitieuses entendent bien bousculer les conseillers financiers traditionnels en proposant des solutions innovantes et personnalisées de gestion de patrimoine aux clients fortunés. Un marché en plein essor qui attire les convoitises.
Un terreau fertile pour les startups wealthtech
L’Inde offre un terrain de jeu idéal pour les startups wealthtech. Portée par une croissance économique soutenue, la classe aisée du pays ne cesse de s’étoffer. Selon les estimations, le nombre d’Indiens gagnant plus de 10 000 dollars par an devrait plus que doubler au cours des cinq prochaines années. Une aubaine pour les entreprises de services financiers ciblant cette population.
Mais cette clientèle exigeante aspire à une approche plus personnalisée et basée sur les données que celle proposée par les acteurs traditionnels. C’est là qu’entrent en scène les startups wealthtech, bien décidées à réinventer la gestion de patrimoine grâce aux dernières avancées technologiques.
Des investisseurs séduits par le potentiel
Le potentiel du secteur n’a pas échappé aux investisseurs. Selon nos sources, Premji Invest serait en discussions avancées pour mener un tour de table de 30 à 40 millions de dollars dans Dezerv, une application offrant une gamme de solutions d’investissement aux Indiens fortunés. L’opération valoriserait la startup à environ 170 millions de dollars.
De son côté, Lightspeed Venture s’apprêterait à mener un tour de plus de 20 millions de dollars dans Centricity, une plateforme de gestion de patrimoine numérique. En octobre dernier, Peak XV avait déjà investi près de 35 millions de dollars dans la startup de gestion de patrimoine et d’actifs Neo.
Seuls 50 à 55% du marché indien de la gestion de patrimoine est actuellement géré par des professionnels, selon les analystes.
– Jefferies
La recette du succès des startups wealthtech
Pour se démarquer, les startups misent sur plusieurs atouts :
- Des recommandations data-driven et personnalisées
- Une approche digitale réduisant les intermédiaires
- La capacité à servir une clientèle jusqu’ici négligée par les acteurs traditionnels
Une stratégie payante, à l’image de Scripbox. La startup soutenue par Accel a opéré un virage réussi ces deux dernières années. Désormais rentable et « bien capitalisée », elle gère plus de 2 milliards de dollars d’actifs selon son fondateur et CEO Atul Shinghal.
Un marché prometteur encore sous-exploité
Malgré ces success stories, le marché indien de la gestion de patrimoine reste encore largement sous-exploité. Le ratio des actifs sous gestion des fonds communs de placement par rapport au PIB n’est que de 15%, contre une moyenne mondiale de 75%. Un retard que les startups wealthtech entendent bien combler.
Et les perspectives sont encourageantes. UBS estime que les principaux acteurs de la gestion de patrimoine devraient connaître une croissance annuelle de 22 à 25% de leurs actifs sous gestion au cours des trois prochaines années. De quoi attirer encore davantage les investisseurs, alléchés par la promesse de rendements juteux.
Vers une démocratisation des investissements
Au-delà des clients fortunés, certaines startups s’attaquent aussi à la démocratisation des investissements auprès du grand public. C’est le cas de Jar, soutenue par Tiger Global, qui permet à ses utilisateurs de se constituer une épargne et d’investir dans l’or via son application. Un marché de 100 milliards de dollars en Inde, selon son co-fondateur Nishchay AG.
Les investisseurs l’ont bien compris : le secteur des wealthtech en Inde recèle un immense potentiel, porté par la croissance de la classe aisée et l’appétence grandissante des Indiens pour les produits d’investissement. En misant sur l’innovation technologique et une approche plus personnalisée, les startups ont une carte à jouer pour bousculer les acteurs traditionnels et s’imposer sur ce marché prometteur. Une aubaine pour les capital-risqueurs en quête de la prochaine licorne.