L’avènement de l’intelligence artificielle générative, incarnée par des outils comme ChatGPT d’OpenAI, est en train de bouleverser de nombreux secteurs, y compris celui des médias. En France, les géants de la presse s’interrogent sur l’utilisation de leurs contenus par ces nouvelles technologies et cherchent à ouvrir des négociations avec les entreprises d’IA pour définir un cadre et obtenir une juste rémunération.
Un enjeu crucial pour la presse française
Deux importants organismes représentant plus de 800 titres de presse en France, l’Alliance de la presse d’information générale (Apig) et le Syndicat des éditeurs de la presse magazine (SEPM), ont mis en lumière les défis posés par l’IA générative. Ils estiment qu’il est inacceptable que leurs publications, protégées par la propriété intellectuelle, soient utilisées par ces outils sans autorisation ni contrepartie financière.
Ces organismes ont donc envoyé un courrier à une vingtaine d’acteurs majeurs de l’IA comme OpenAI, Google, Microsoft, ou encore le français Mistral, les invitant à ouvrir des négociations. L’objectif est de parvenir à des accords équilibrés définissant les conditions techniques et financières permettant aux services d’IA d’accéder de façon autorisée aux contenus de presse, en échange d’un partage de la valeur créée.
L’IA générative a besoin de se nourrir de données trouvées sur internet, dont des contenus de presse, pour produire des textes et répondre aux requêtes des utilisateurs. Avec l’explosion de ces outils, la rémunération de cette utilisation est devenue un enjeu crucial pour les médias.
Des initiatives contrastées à l’international
Si certains médias cherchent à coopérer avec les géants de l’IA, d’autres ont choisi la voie judiciaire. En France, Le Monde a annoncé un accord avec OpenAI en mars. Au niveau international, on peut citer les démarches de :
- L’agence de presse américaine AP
- Le groupe de presse allemand Axel Springer
- Le conglomérat espagnol Prisa Media
- Le quotidien britannique Financial Times
À l’inverse, plusieurs grands journaux américains comme le New York Times ou le Chicago Tribune ont choisi d’attaquer OpenAI en justice pour violation des droits d’auteur. Ces plaintes reflètent les inquiétudes de nombreux éditeurs qui s’interrogent sur leur avenir face à ces technologies disruptives.
Vers une redéfinition des modèles ?
La montée en puissance de l’IA générative soulève de nombreuses questions pour le secteur des médias. Au-delà des enjeux de propriété intellectuelle et de rémunération, c’est toute la chaîne de valeur et les modèles établis qui pourraient être remis en cause.
Face à des outils capables de générer des contenus de plus en plus crédibles sur simple requête, quels seront la place et le rôle des journalistes et éditeurs à l’avenir ? Comment se différencier et apporter une réelle valeur ajoutée ? L’IA sera-t-elle un outil complémentaire, ou un concurrent frontal ?
De nombreux défis restent à relever pour trouver le bon équilibre entre le potentiel de l’IA et le respect du travail des médias. Les négociations qui s’ouvrent entre la presse française et les géants technologiques seront déterminantes pour dessiner les contours d’un nouveau paysage médiatique à l’ère de l’intelligence artificielle.