L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle générative, symbolisé par le succès de ChatGPT, suscite autant d’intérêt que d’inquiétudes dans le secteur bancaire européen. Lors de l’Amsterdam Fintech Week qui s’est tenue la semaine dernière, les cadres dirigeants de grandes banques ont exprimé leurs craintes de voir leur dépendance technologique aux géants américains du numérique s’accentuer avec l’adoption croissante de l’IA.
L’IA générative promet des gains d’efficacité mais nécessite une puissance de calcul colossale
Déjà utilisée pour détecter les cas de fraude et de blanchiment d’argent, l’IA trouve de nouvelles applications avec l’émergence des modèles génératifs comme GPT. La banque néerlandaise ING expérimente ainsi un chatbot capable de traiter une part croissante des requêtes de son service client, avec l’objectif ambitieux de passer de 2,5% à 50% de prises en charge d’ici un an selon Bahadir Yilmaz, son responsable IA.
Mais pour fonctionner, ces IA génératives requièrent une puissance de calcul phénoménale, accessible uniquement auprès des Big Tech américaines juge Joanne Hannaford de la Deutsche Bank. Développer ces technologies en interne n’est pas une option viable pour une banque confirme Bahadir Yilmaz.
La dépendance au cloud des géants américains cristallise les tensions
Amazon Web Services, Microsoft Azure, Google Cloud, les leaders du cloud multiplient les projets de data centers pour répondre à la demande d’IA, renforçant leur mainmise. Ils s’appuient sur les processeurs de Nvidia, autre mastodonte américain.
Pour limiter les risques, les banques sont incitées à garder de la flexibilité en évitant de se lier à un fournisseur unique. Mais plus largement, cela ravive le débat de la souveraineté numérique européenne et les appels de grands groupes à muscler les alternatives « souveraines », notamment sur le cloud.
L’IA générative, opportunité et défi pour le secteur bancaire européen
L’intelligence artificielle offre des perspectives indéniables de gains de productivité et d’amélioration de l’expérience client pour les banques. Mais sa mise en œuvre à grande échelle les place aussi dans une situation potentiellement délicate de dépendance technologique vis-à-vis des géants américains du numérique, qui dominent largement le cloud et les semiconducteurs nécessaires aux IA les plus poussées.
Un dilemme stratégique pour le secteur bancaire européen, pris entre l’impératif d’innovation et les enjeux de souveraineté numérique, qui devra trouver le bon équilibre pour tirer parti de l’IA générative sans hypothéquer son autonomie technologique. Un défi majeur à l’heure de la course mondiale à l’intelligence artificielle.