Meta, la société mère de Facebook et Instagram, a récemment pris la décision de suspendre temporairement l’utilisation de ses modèles d’intelligence artificielle générative au Brésil. Cette mesure fait suite à l’interdiction par l’Autorité nationale de protection des données (ANPD) brésilienne d’entraîner les outils d’IA sur les données personnelles des citoyens du pays. Une décision qui porte un coup aux ambitions de Meta en matière d’IA générative dans ce marché de plus de 200 millions d’habitants.
L’ANPD invoque le risque de préjudice aux droits fondamentaux
Selon le document officiel publié par l’ANPD, cette mesure préventive est justifiée par « le risque imminent de préjudice grave et de dommages irréparables ou difficiles à réparer aux droits fondamentaux des personnes concernées ». L’autorité a également fixé une amende quotidienne de 50 000 reais en cas de non-respect de cette interdiction par Meta.
Nous avons décidé de suspendre les fonctionnalités d’IA générative précédemment disponibles au Brésil pendant que nous dialoguons avec l’ANPD pour répondre à leurs questions sur l’IA générative.
– Un porte-parole de Meta
Meta contraint de revoir ses plans en Europe et au Royaume-Uni
Ce n’est pas la première fois que Meta se heurte aux régulateurs sur la question de l’utilisation des données personnelles pour entraîner ses modèles d’IA. En mai dernier, l’entreprise avait dû suspendre ses projets en Europe et au Royaume-Uni suite aux objections soulevées par la Commission irlandaise de protection des données.
Pourtant, aux États-Unis et dans d’autres marchés, Meta exploite depuis plusieurs années le contenu généré par les utilisateurs pour développer ses outils d’intelligence artificielle. Une pratique qui soulève des inquiétudes grandissantes quant au respect de la vie privée et à la protection des données personnelles.
L’IA générative au cœur des enjeux éthiques et réglementaires
L’essor fulgurant de l’IA générative, illustré par le succès de modèles comme GPT-3 d’OpenAI ou LaMDA de Google, s’accompagne de défis majeurs en termes d’éthique et de réglementation. Les autorités de protection des données s’inquiètent notamment :
- Du risque de biais et de discrimination dans les algorithmes entraînés sur des données potentiellement biaisées
- De l’opacité des modèles d’IA et de la difficulté à expliquer leurs décisions
- Des enjeux de confidentialité liés à l’utilisation massive de données personnelles
Face à ces préoccupations, de nombreux pays et organisations internationales travaillent à l’élaboration de cadres réglementaires pour encadrer le développement et le déploiement de l’IA. En avril 2023, l’Union Européenne a ainsi adopté l’AI Act, un règlement pionnier visant à promouvoir une IA fiable et centrée sur l’humain.
Un coup dur pour les ambitions de Meta au Brésil
Pour Meta, la suspension de ses modèles d’IA générative au Brésil représente un revers significatif. Le géant technologique misait fortement sur cette technologie pour améliorer ses produits et services, et conquérir de nouveaux utilisateurs dans ce pays qui compte parmi les plus connectés au monde.
Reste à savoir si Meta parviendra à convaincre l’ANPD de la robustesse de ses mesures de protection des données, ou si l’entreprise devra revoir en profondeur sa stratégie d’IA générative pour se conformer aux exigences réglementaires. Une chose est sûre : le débat sur l’équilibre entre innovation technologique et respect de la vie privée ne fait que commencer, et promet d’animer l’écosystème tech pour les années à venir.