Dans un geste surprenant, deux géants de la tech pourtant souvent en désaccord, Microsoft et le fonds d’investissement Andreessen Horowitz (A16Z), ont décidé de mettre leurs différends de côté le temps d’un plaidoyer commun. Leur requête ? Que le gouvernement fasse preuve de retenue dans la réglementation de l’intelligence artificielle, au nom de l’innovation.
Une alliance de circonstance
Malgré leurs divergences habituelles, les fondateurs d’A16Z Marc Andreessen et Ben Horowitz, ainsi que le PDG de Microsoft Satya Nadella et son directeur juridique Brad Smith, ont tenu à rappeler que sur ce sujet brûlant, ils parlent d’une seule voix. Une voix qui se veut celle des petites entreprises et des startups, menacées selon eux par une réglementation excessive.
Nos deux entreprises ne sont peut-être pas d’accord sur tout, mais ce n’est pas la question ici.
Marc Andreessen, Ben Horowitz, Satya Nadella et Brad Smith
Le spectre du projet de loi SB 1047
Cette prise de position intervient alors que le projet de loi californien SB 1047, qui visait à encadrer certaines pratiques en matière d’IA, a été vivement combattu par l’industrie. Pour Anjney Midha, associé chez A16Z, il s’agissait ni plus ni moins d’une « taxe régressive » pour les startups et d’une « capture réglementaire flagrante » par les géants du secteur, seuls capables d’en assumer le coût.
Pourtant, le texte prévoyait des exemptions spécifiques pour les petits acteurs. Un détail minimisé par les opposants qui, à grand renfort de lobbying, ont finalement eu gain de cause : le projet de loi a été retiré. Une victoire qui illustre la crainte d’une réglementation jugée trop contraignante.
Un appel à une approche « responsable et basée sur le marché »
Dans leur déclaration commune, Microsoft et A16Z plaident pour une réglementation à l’échelle fédérale, fondée sur des « approches responsables et basées sur le marché ». Comprendre : pas question de brider l’innovation avec des règles trop strictes. Seuls les « Bad Actors », ceux qui abuseraient de l’IA à des fins malveillantes, devraient être sanctionnés a posteriori.
- Les réglementations ne devraient être mises en œuvre que si leurs avantages l’emportent sur leurs coûts
- Les développeurs et startups doivent avoir la flexibilité de choisir les modèles d’IA qu’ils utilisent
- Le droit d’apprendre : l’IA doit pouvoir accéder librement aux données factuelles, sans entrave du droit d’auteur
Le droit d’auteur, un frein à l’IA ?
Microsoft et A16Z insistent particulièrement sur ce dernier point, estimant que le copyright ne devrait pas être « détourné » pour empêcher les machines d’apprendre à partir des données, au même titre que les humains. Une position qui fait débat, les créateurs de contenus protégés craignant de perdre le contrôle et la valorisation de leur propriété intellectuelle.
Les connaissances et les faits non protégés, même contenus dans des œuvres protégées, doivent rester libres et accessibles.
Déclaration commune de Microsoft et A16Z
Trouver le juste équilibre
Au-delà de cet appel à la prudence réglementaire, Microsoft et A16Z avancent aussi des propositions plus consensuelles : financer des programmes d’éducation au numérique, soutenir des « pools de données accessibles gérés dans l’intérêt public », ou encore faciliter l’accès des startups aux marchés publics…
Autant de pistes qui démontrent la nécessité de trouver un équilibre. Un équilibre délicat entre, d’un côté, ne pas entraver le formidable potentiel de l’IA et, de l’autre, s’assurer que son développement se fasse de manière éthique et responsable. Le débat ne fait que commencer.