Dans un monde de plus en plus connecté, les frontières entre les secteurs de la finance et des télécommunications s’estompent. Les néobanques, ces institutions financières 100% numériques, cherchent constamment à innover et à offrir de nouveaux services à leurs clients. C’est dans ce contexte que la néobanque brésilienne Nubank, cotée à la Bourse de New York, fait ses premiers pas dans l’univers des réseaux mobiles avec le lancement d’un service eSIM pour les voyageurs.

Un service eSIM innovant pour les clients Nubank

Grâce à ce nouveau service, les clients de Nubank Ultravioleta, l’offre premium de la néobanque, pourront bénéficier de 10 Go de données en roaming gratuitement dans plus de 40 pays. L’avantage ? Ils n’auront pas besoin de changer leur carte SIM physique ou leur eSIM actuelle. L’activation se fait directement depuis l’application Nubank, grâce à une infrastructure développée par la plateforme Gigs.

La combinaison de forfaits mobiles représente un levier puissant pour les néobanques afin de transformer les utilisateurs irréguliers en abonnés payants mensuels, d’encourager les mises à niveau vers des fonctionnalités premium et de créer un écosystème où la banque agit comme une plaque tournante pour de multiples services à valeur ajoutée.

– Hermann Frank, co-fondateur et PDG de Gigs

Une tendance de fond chez les fintechs

Le lancement de Nubank fait écho aux initiatives similaires d’autres acteurs majeurs de la fintech. En février, la néobanque britannique Revolut, valorisée à 25 milliards de dollars, a lancé un service eSIM comparable pour ses abonnés premium. L’année dernière, la néobanque indienne Zolve a également ajouté les réseaux mobiles à son offre, permettant aux immigrants d’avoir non seulement leurs services bancaires opérationnels avant leur arrivée aux États-Unis, mais aussi un service mobile prêt à l’emploi dès leur atterrissage.

Ces développements mettent en lumière les synergies entre les services financiers et les communications mobiles. Les deux sont essentiels au fonctionnement quotidien des individus, mais présentent traditionnellement des obstacles similaires, en particulier pour ceux qui arrivent dans un nouveau pays. On a vu des opérateurs téléphoniques se lancer dans les services bancaires, comme T-Mobile aux États-Unis avec T-Mobile Money, tandis que des banques traditionnelles ont emprunté la direction opposée, à l’image de Banco Inter au Brésil et Standard Bank en Afrique du Sud, qui ont tous deux lancé leurs propres services MVNO.

Les néobanques et les MVNO, un mariage de raison ?

Mais c’est avec les néobanques que les MVNO présentent le plus de synergies. Tous deux sont « virtuels », avec la technologie jouant un rôle central dans leurs offres respectives, souvent uniquement avec un support en ligne et un accès au compte. Ils sont également tous deux commercialisés comme ayant des frais généraux inférieurs, ce qui leur confère une plus grande agilité et la capacité d’offrir des prix plus bas par rapport aux opérateurs historiques.

Cependant, se positionner officiellement comme MVNO pourrait entraîner une surveillance réglementaire supplémentaire. Bien que les banques soient déjà étroitement réglementées en tant qu’institutions financières, être classé comme entreprise de télécommunications induirait probablement des obligations réglementaires supplémentaires. C’est pourquoi des acteurs comme Nubank et Revolut préfèrent pour l’instant s’appuyer sur des partenaires spécialisés pour gérer ces aspects.

L’eSIM, un catalyseur pour l’hybridation des services

La démocratisation de l’eSIM joue un rôle clé dans cette tendance à l’hybridation des services bancaires et télécoms. Cette technologie permet aux entreprises de lancer des offres mobiles sous leur propre marque de manière beaucoup plus fluide, sans avoir à gérer la distribution physique de cartes SIM. Couplée à l’essor du cloud et à la prolifération de logiciels tiers facilitant les stratégies de distribution entièrement numériques, l’eSIM ouvre de nouvelles perspectives passionnantes pour les néobanques désireuses d’enrichir leur proposition de valeur.

Alors que Nubank se prépare également à lancer un véritable service MVNO au Brésil, son offre eSIM pour les voyageurs représente une première étape stratégique dans cette direction. À mesure que les frontières entre finance et télécommunications continuent de s’estomper, on peut s’attendre à voir de plus en plus de néobanques emboîter le pas et proposer des services mobiles innovants pour renforcer leur engagement client et conquérir de nouveaux marchés.

• L’eSIM facilite le lancement d’offres mobiles pour les néobanques
• Finance et télécoms : des synergies de plus en plus évidentes
• Nubank ouvre la voie, d’autres néobanques devraient suivre