Le monde des start-ups d’intelligence artificielle est sous le choc après les récentes accusations de fraude portées contre Baba Nadimpalli, ancien PDG de Skael. Selon un acte d’accusation fédéral, Nadimpalli aurait délibérément induit en erreur les investisseurs sur la santé financière de sa société basée à San Francisco, leur faisant miroiter de faux revenus et de faux clients prestigieux. Cette affaire met en lumière les dérives et les tentations qui guettent certains entrepreneurs du secteur en plein essor de l’IA.
Plus de 40 millions de dollars levés grâce à la tromperie
Entre 2020 et 2022, Baba Nadimpalli serait parvenu à lever plus de 40 millions de dollars auprès d’investisseurs en trois tours de table. Pour les convaincre de miser sur Skael, il leur aurait affirmé que sa start-up générait des millions en revenus récurrents annuels et comptait de nombreux clients de renom. Sauf que selon les procureurs, la réalité était tout autre : les revenus étaient bien inférieurs aux chiffres avancés et certains des soi-disant clients n’existaient tout simplement pas.
Le summum de cette mascarade se serait déroulé en février 2022, lors d’une levée de fonds en actions privilégiées de série A qui valorisait alors Skael à environ 230 millions de dollars. Pour appâter les investisseurs potentiels, Nadimpalli aurait monté de toutes pièces une salle de données électronique bourrée de documents falsifiés sur la situation financière, les paiements clients et les comptes de profits et pertes. Un mirage qui s’est finalement fracassé.
L’ex-dirigeant risque gros
Baba Nadimpalli fait désormais face à de lourdes accusations : 3 chefs de fraude en valeurs mobilières et 7 de fraude électronique. La SEC (Securities and Exchange Commission) l’accuse en outre d’avoir enfreint les lois fédérales sur les valeurs mobilières et d’avoir utilisé l’argent récolté pour des dépenses personnelles comme des paiements hypothécaires et des travaux chez lui. S’il est reconnu coupable, l’ancien dirigeant encourt jusqu’à 20 ans de prison et 5 millions de dollars d’amende pour la fraude boursière, plus 20 ans et 250.000 dollars supplémentaires pour la fraude électronique. Un procès à hauts risques.
Un signal d’alarme pour l’écosystème des start-ups d’IA
Au-delà du cas individuel de Baba Nadimpalli, cette affaire jette une lumière crue sur les dérives qui menacent le secteur en ébullition des jeunes pousses spécialisées en intelligence artificielle. Dans un contexte d’engouement des investisseurs et de forte pression concurrentielle, la tentation peut être grande pour certains entrepreneurs peu scrupuleux de « vendre du rêve » et d’enjoliver la réalité de leur entreprise pour décrocher des financements.
La quête effrénée de levées de fonds toujours plus massives peut parfois faire perdre tout sens de la mesure et de l’éthique à certains dirigeants. C’est toute la réputation et la confiance dans l’écosystème des start-ups tech qui est en jeu.
– Une investisseuse de capital-risque
Sans tomber dans une généralisation hâtive, le cas Skael doit servir de signal d’alarme et appeler à davantage de vigilance, de transparence et de régulation dans le financement des start-ups d’IA en plein boom :
- Renforcer les procédures de due diligence et de vérification des informations fournies par les dirigeants
- Responsabiliser davantage les fondateurs sur leurs promesses et prévisions, avec de vraies sanctions à la clé
- Promouvoir une culture d’entreprise éthique et de transparence auprès des jeunes entrepreneurs
L’histoire de Skael et de son ex-PDG aujourd’hui dans la tourmente doit servir d’électrochoc salutaire et de piqûre de rappel pour tout l’écosystème. La confiance des investisseurs et du public est un bien précieux. Dans la course à l’innovation en IA, l’éthique et l’intégrité des entrepreneurs doivent rester des valeurs cardinales, au risque de voir la réputation de tout un secteur durablement écornée.