Dans l’univers des start-ups, l’introduction en bourse représente souvent l’aboutissement d’années d’efforts et une étape cruciale pour propulser l’entreprise vers de nouveaux sommets. C’est dans cette optique que ServiceTitan, spécialisée dans les logiciels pour les entreprises du secteur des services, a récemment déposé son dossier S-1 en vue d’une IPO. Cependant, le parcours vers Wall Street s’annonce semé d’embûches pour la jeune pousse, qui doit composer avec une clause particulière liée à son dernier tour de table.
Une IPO attendue par les investisseurs
L’annonce de l’intention de ServiceTitan de s’introduire en bourse a suscité l’enthousiasme chez de nombreux investisseurs en capital-risque. En effet, une IPO réussie de la start-up, qui a développé une plateforme logicielle pour optimiser les opérations des entreprises de services (plomberie, électricité, etc.), pourrait redonner un coup de fouet à un marché des introductions en bourse en berne ces derniers temps.
Fondée en 2012 et basée dans la Silicon Valley, ServiceTitan a levé plus de 1,5 milliard de dollars auprès de prestigieux fonds comme Iconiq, Bessemer et Coatue. La société a enregistré un chiffre d’affaires de 685 millions de dollars et une perte nette de 183 millions sur les 12 mois précédant le 31 juillet 2024, selon son dossier S-1.
Une clause d’IPO ratchet qui complique la donne
Mais tous les voyants ne sont pas au vert pour ServiceTitan. Lors de sa dernière levée de fonds de 365 millions de dollars (Série H) en novembre 2022, la start-up avait dû accepter une clause d’IPO ratchet capitalisé, comme l’a relevé Meritech Capital dans une analyse du dossier d’introduction.
Cette clause prévoit que si ServiceTitan s’introduit en bourse à une valorisation inférieure à celle de son dernier tour, le nombre d’actions des investisseurs concernés sera ajusté à la hausse pour qu’ils conservent leur part du capital. Et ce n’est pas tout : la clause étant « capitalisée », ses modalités évoluent avec le temps. ServiceTitan avait jusqu’au 22 mai 2024 pour faire son entrée à Wall Street sous peine de voir le seuil de valorisation exigé augmenter de 11% par an, chaque trimestre.
Une course contre la montre pour éviter la dilution
Cette épée de Damoclès explique en partie la précipitation de ServiceTitan à lancer son processus d’IPO. Car le temps joue contre la start-up : chaque trimestre passé en restant non cotée fait grimper le seuil de valorisation à atteindre sous peine de devoir céder plus d’actions à ses investisseurs.
Selon Meritech, ServiceTitan devrait viser un cours d’introduction d’environ 90 dollars par action pour échapper à cette clause punitive. Un objectif ambitieux, alors que la valorisation actuelle de la société oscille entre 70 dollars (estimation de Meritech) et 81,59 dollars (Caplight) par titre.
Un pari risqué dans un marché volatil
L’introduction en bourse de ServiceTitan s’annonce donc comme un véritable défi, dans un contexte de marché difficile pour les sociétés technologiques. Si la start-up parvient à tirer son épingle du jeu en atteignant ou dépassant le seuil fatidique des 90 dollars, elle enverra un signal positif à tout l’écosystème. Mais en cas d’échec, la pilule sera doublement amère, entre les conséquences de la clause d’IPO ratchet et le coup porté à la confiance des investisseurs.
Le succès de l’IPO de ServiceTitan sera scruté de près par tous les acteurs du capital-risque, son impact pouvant dépasser le simple cas de l’entreprise.
Une chose est sûre : malgré son potentiel et la qualité de ses soutiens, ServiceTitan devra cravacher pour transformer l’essai de son IPO. Le fait d’avoir attendu la dernière minute jouera-t-il en sa défaveur ou, au contraire, dopera-t-il l’intérêt des investisseurs ? Réponse dans les prochaines semaines, lorsque la start-up dévoilera sa fourchette de prix et tentera de faire décoller son cours en bourse.