Dans un monde où le rythme de l’innovation ne cesse de s’accélérer, le financement des startups reste un sujet brûlant. Cette semaine a été riche en enseignements, avec des paris contrariants, des levées de fonds aux quatre coins du globe, de nouveaux fonds de capital-risque et une mise en garde finale.
Quand l’échec d’hier préfigure le succès de demain
Plusieurs histoires cette semaine nous rappellent que ce n’est pas parce que quelque chose n’a pas fonctionné par le passé qu’il ne vaut pas la peine de réessayer sous un angle différent. C’est notamment le cas dans le domaine du dessalement profond, où une nouvelle vague de startups travaille sur l’osmose inverse en haute mer, une technologie de plus en plus facile à déployer et qui pourrait entraîner des économies d’énergie de 30 à 50% par rapport à l’osmose inverse terrestre.
L’Afrique prend le relais des accélérateurs occidentaux
La dernière promotion de Y Combinator comptait de nombreuses startups d’IA, ainsi que quelques pépites enterprise intéressantes, mais l’accélérateur a réduit son intérêt pour les marchés en développement. En Afrique, des accélérateurs locaux soutenus par des alumni africains de YC saisissent cette opportunité avec de nouveaux programmes.
IA et Her : entre fascination et dystopie
WaveForms AI, une nouvelle entreprise de grands modèles de langage (LLM) audio, espère rendre l’IA plus humaine grâce à ses propres modèles fondateurs. Son fondateur, Alexis Conneau, est obsédé par le film Her, mais réfléchit aussi à la manière de ne pas créer une dystopie. « Nous voulons faire précisément le contraire de ce que fait l’entreprise dans ce film », a-t-il confié à TechCrunch.
Automattic met la main sur l’IA de WordPress
WPAI, une startup qui développe des solutions d’IA pour WordPress, se fait racheter par Automattic. Son équipe dirigera les efforts d’IA de WordPress. Un bol d’air frais au milieu des autres actualités WordPress.
Le grand tour des levées de fonds
Avec la fin d’année qui approche à grands pas, cette semaine nous a apporté de nombreux tours de table, en voici un échantillon qui illustre également leur diversité, tant en termes de taille que de répartition géographique :
- La startup Archer Aviation, qui construit des aéronefs à décollage et atterrissage vertical (VTOL), a levé 430 millions de dollars de nouveaux fonds propres, portant son financement total à près de 2 milliards de dollars.
- La startup berlinoise Upvest, qui développe une API de trading boursier utilisée par certaines des plus grandes fintechs européennes, a levé une série C de 100 millions d’euros (105 millions de dollars) menée par le mystérieux fonds Hedosophia.
- La société suisse de robotique Anybotics, une spin-out de l’ETH Zürich qui construit des robots d’inspection autonomes quadrupèdes pour des applications industrielles, a levé 60 millions de dollars supplémentaires, portant sa série B à un total de 110 millions de dollars.
- Flare, une startup canadienne de gestion de l’exposition aux menaces, a clôturé une série B de 30 millions de dollars menée par Base10 Partners pour aider les PME et les entreprises de taille intermédiaire à contrer la montée en puissance des malwares voleurs d’informations.
- Aqemia, une startup française dans le domaine en vogue de la découverte de médicaments assistée par l’IA, a réalisé sa deuxième levée de fonds de l’année : un nouveau tour de 38 millions de dollars mené par Cathay Innovation, qu’elle utilisera pour recruter et ouvrir un bureau à Londres.
- Numia, une startup argentine qui centralise les données d’interaction client hors ligne et en ligne, a annoncé un tour de table de 3,5 millions de dollars mené par Cometa. Son PDG Gustavo Lauria a déclaré que l’entreprise est déjà rentable mais a décidé de lever des capitaux extérieurs pour la première fois afin d’atteindre des clients qui sont également des limited partners dans des fonds de venture.
Dans les coulisses des nouveaux fonds
Du côté des fonds de capital-risque, l’OpenAI Startup Fund a levé plus de 44 millions de dollars pour son cinquième special purpose vehicle (SPV). Malgré son nom, le fonds affirme ne pas compter OpenAI parmi ses investisseurs, mais plutôt Microsoft et d’autres partenaires d’OpenAI.
Dimension Capital a quant à lui levé un fonds sursouscrit de 500 millions de dollars pour continuer à investir à l’intersection de la technologie et des sciences de la vie. Parmi les sociétés en portefeuille figurent les sociétés de biotechnologie basées sur l’IA Chai Discovery et Enveda Biosciences.
Il y a trop d’argent qui court après trop peu d’entreprises surévaluées.
– Mitchell Green, fondateur et managing partner de Lead Edge Capital
Enfin, le 15e fonds du hedge fund Tiger Global, connu pour sa stratégie de « spray and pray » qui l’a conduit à investir dans plus de 315 startups en 2021, a particulièrement mal performé, avec des pertes sur le papier de plus de 15%, selon une récente communication aux investisseurs. Un signal d’alarme pour l’écosystème ?
Conclusion : gare au mirage des valorisations
Dans une interview accordée à TechCrunch, Mitchell Green, fondateur et managing partner de Lead Edge Capital, a déclaré qu’il y avait « trop d’argent qui court après trop peu d’entreprises surévaluées ». Cela pousse sa firme à s’éloigner de plus en plus des deals de capital-risque classiques pour privilégier des « deals de contrôle » façon private equity. « Je refuse également d’investir dans des entreprises à 100, 200 ou 500 fois le chiffre d’affaires. Ce jeu se terminera mal », a-t-il prédit. Avis aux amateurs !