Imaginez un monde où envoyer de l’argent à l’international serait aussi simple et peu coûteux qu’un message instantané. C’est la vision d’Akshay Naheta, vétéran de SoftBank connu pour ses paris audacieux sur les technologies perturbatrices. Sa nouvelle startup, Distributed Technologies Research (DTR), ambitionne de combler le fossé entre les banques traditionnelles et la blockchain pour révolutionner l’infrastructure mondiale des paiements.
Des inefficacités coûteuses dans les réseaux de paiement actuels
Aujourd’hui, effectuer des paiements transfrontaliers peut s’avérer lent et onéreux en raison de divers frais – coûts de transfert, commissions d’interchange, frais de change, délais de règlement… Selon Naheta, ces inefficacités pénalisent particulièrement les entreprises opérant à l’international, les digital nomads et l’économie des créateurs.
Je pense vraiment que le client particulier se fait arnaquer sur les paiements. Et ce n’est pas la faute des banques. Elles sont branchées sur des systèmes legacy et c’est très dur de faire tourner un Titanic.
– Akshay Naheta, fondateur de DTR
AmalgamOS, le pont entre banques et blockchains
La technologie clé de DTR, AmalgamOS, connecte les banques aux réseaux blockchain via des API. Elle permet aux entreprises d’intégrer des capacités de paiement tout en respectant les réglementations locales. Le système gère tout, des paiements marchands à la gestion de trésorerie, en passant par les devises traditionnelles et les principaux stablecoins dans 48 pays.
AmalgamOS agit comme un « réseau d’orchestration international » qui achemine automatiquement les transactions via les rails bancaires traditionnels ou ceux de la blockchain, selon le chemin optimal en termes de vitesse et de coût. DTR est déjà connecté à 12 000 banques en Europe.
Opportunité face au duopole Visa-Mastercard
L’offensive de DTR dans les infrastructures de paiement intervient à point nommé. Visa et Mastercard, qui facturent des frais de 2 à 3% aux commerçants, sont sous le feu des critiques pour leur duopole. Aux États-Unis, le projet de loi Credit Card Competition Act pourrait obliger les banques à proposer des alternatives à ces réseaux dominants.
C’est fou que pendant tant d’années, nous ayons eu tant de startups, tant de cryptomonnaies, et que chaque fois que je voulais faire un dépôt ou un retrait, il n’y avait pas d’autre système légal formalisé.
– Philip Lord, PDG d’Oobit
Des défis de taille pour perturber l’industrie des paiements
Malgré un créneau porteur, DTR devra affronter une rude concurrence, de Wise dans le currency matching à Ripple dans le règlement blockchain, en passant par les banques traditionnelles qui modernisent leurs systèmes. Stripe, la fintech la plus valorisée au monde, vient aussi de racheter Bridge pour 1 milliard de dollars pour approfondir son empreinte dans les paiements.
Perturber une industrie aux marges élevées et aux puissants effets de réseau comme celle des paiements est notoirement difficile. Mais Naheta y voit une opportunité de servir les entreprises prises entre deux mondes, en leur faisant gagner du temps et de l’argent grâce à une plateforme unifiée et optimisée.
En route vers la révolution des paiements ?
Le pari de DTR est audacieux : éliminer les multiples inefficacités des paiements en combinant le meilleur des infrastructures bancaires et blockchain. Si la startup réussit son pari, elle pourrait bien changer la donne pour :
- Les entreprises actives à l’international qui subissent des coûts et délais importants
- Les créateurs et travailleurs nomades pénalisés par les frais sur les petits montants
- Les pays émergents dont les systèmes de paiement sont fragmentés et peu efficaces
Reste à voir si la vision de Naheta se concrétisera. Mais une chose est sûre : avec sa technologie de pointe et son ambition de faire bouger les lignes, DTR sera une startup à surveiller de près dans les prochains mois. La révolution des paiements ne fait peut-être que commencer…