L’agence de presse indienne ANI poursuit OpenAI pour violation de droit d’auteur

L’agence de presse indienne Asian News International (ANI) a intenté un procès historique contre OpenAI, le géant de l’intelligence artificielle, alléguant une violation flagrante du droit d’auteur. Cette action en justice, une première en Inde, pourrait bien établir un précédent majeur quant à l’utilisation par les entreprises d’IA du contenu protégé des organes de presse dans le pays le plus peuplé du monde.

ANI accuse OpenAI d’avoir entraîné ses modèles avec du contenu piraté

Selon les documents judiciaires déposés lundi dernier auprès de la Haute Cour de Delhi, ANI affirme qu’OpenAI a illégalement exploité ses articles et dépêches pour nourrir et perfectionner ses algorithmes d’intelligence artificielle. Pire encore, le plaignant soutient que la firme aurait généré et diffusé de fausses informations en les attribuant à l’agence.

Nous prenons grand soin dans la conception de nos produits pour soutenir les organisations de presse.

– OpenAI, en réponse aux accusations

Face à ces graves allégations, le géant de la Silicon Valley a assuré de son engagement à collaborer avec les médias. Un porte-parole a déclaré à TechCrunch qu’OpenAI était « activement impliqué dans des partenariats constructifs et des conversations avec de nombreuses organisations de presse dans le monde, y compris en Inde ».

Une première audience houleuse

Lors de l’audience préliminaire mardi, le juge Amit Bansal a convoqué OpenAI après que l’entreprise a confirmé avoir déjà veillé à ce que ChatGPT n’accède plus au site web d’ANI. Le magistrat a estimé qu’une injonction n’était pas justifiée à ce stade, au vu de la complexité de l’affaire qui nécessite un examen approfondi. La prochaine audience est fixée en janvier.

Le conseil d’OpenAI, Amit Sibal, a plaidé que les lois sur le droit d’auteur ne protègent pas les faits et que ChatGPT permet aux sites web de se désindexer de la collecte de données. Il a aussi contesté la compétence territoriale du tribunal, la firme n’ayant pas de serveurs en Inde.

De son côté, l’avocat d’ANI, Sidhant Kumar du cabinet UNUM Law, a rétorqué que la disponibilité publique n’octroie en rien le droit d’exploiter un contenu. L’agence s’est dite particulièrement préoccupée par les « hallucinations » de ChatGPT, c’est-à-dire des interviews fictives attribuées à ANI, comme un faux entretien avec l’opposant politique Rahul Gandhi.

De telles contrefaçons constituent une menace réelle pour notre réputation. La propagation de fausses nouvelles peut conduire à des troubles à l’ordre public.

– ANI, dans sa plainte

Un expert indépendant nommé par la justice

Pour y voir plus clair sur les implications en termes de droit d’auteur de l’utilisation par les modèles d’IA de contenus publiquement accessibles, le tribunal prévoit de nommer un expert indépendant. Les aspects techniques de la diffusion de l’information via de multiples plateformes seront aussi examinés lors des prochaines audiences.

Ce procès n’est que le dernier épisode en date d’une pression mondiale grandissante sur les géants de l’IA quant à leurs pratiques en matière de propriété intellectuelle. Actuellement, OpenAI fait déjà face à plus d’une douzaine d’actions similaires aux États-Unis, deux au Canada et une en Allemagne.

Quel impact pour les médias et l’IA ?

Si ANI obtient gain de cause, cela pourrait bouleverser la façon dont les entreprises technologiques conçoivent leurs IA. Elles seraient contraintes de revoir en profondeur leurs méthodes d’entraînement et de veiller davantage au respect de la propriété intellectuelle des créateurs de contenus.

Plus largement, cette affaire soulève des questions cruciales sur l’équilibre entre la liberté d’innover et les droits des auteurs et éditeurs à l’ère de l’intelligence artificielle. Comment s’assurer que les progrès de l’IA ne se fassent pas au détriment de la presse et de sa viabilité ?

Enfin, le spectre des deepfakes et de la désinformation générée par l’IA suscite une inquiétude grandissante chez les médias. Quelles garde-fous mettre en place pour protéger leur réputation et la confiance du public, sans entraver le potentiel de ces technologies ?

Autant d’enjeux majeurs que ce procès pourrait contribuer à clarifier, en Inde et au-delà. Son issue sera suivie de près par tous les acteurs du numérique et des médias.

  • L’agence ANI attaque OpenAI pour violation du droit d’auteur
  • ChatGPT accusé d’avoir généré de fausses infos sous le nom d’ANI
  • Un expert indépendant nommé pour éclairer la justice
  • Des conséquences potentiellement majeures pour l’IA et les médias

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